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Au moment de la rupture amoureuse, le corps, le cœur et l’esprit sont essorés par la tristesse. Mais quand c’est une histoire toxique à laquelle un point final a été mis, alors la période de convalescence est d’autant plus importante.
“Tout dépend de comment la relation s’est terminée et aussi de variables comme la parentalité ou la dépendance financière. Mais en expérience clinique, on note bien des étapes distinctes”, assure Anne Clotilde Ziégler, psychothérapeute et auteure de Pourquoi suis-je restée ? Le lien traumatique au pervers narcissique : comprendre pour se reconstruire (Ed. Solar).
Toutefois, la spécialiste appuie que si un schéma peut être identifié, il ne sera pas le même pour tous.tes et surtout, il n’existe pas de manière idéal de le compléter.
“C’est comme pour le deuil, rien ne s’enchaîne de la même manière selon les gens et les histoires. D’ailleurs, on fait souvent des allers-retours, il faut du temps, ce n’est pas linéaire et c’est normal”, souligne-t-elle d’entrée.
Étape 1 : La flagellation, ou le “pourquoi suis-je restée” ?
Après s’être détaché de la personne toxique, le ressentiment envers l’autre n’arrive pas frontalement. Parce que c’est généralement d’abord nous-même que nous allons remettre en question.
Si vous êtes à l’origine de la rupture, “en général, on va se demander ‘pourquoi est-ce que je suis restée ?’, ‘pourquoi est-ce que je n’ai rien vu ?’, ‘pourquoi ai-je été si bête, naïve ?’….”, illustre Anne Clotilde Ziégler. À l’inverse, si la personne toxique a décidé qu’elle en avait terminé avec vous, les questionnements seront plus du type ‘qu’est-ce que j’ai fait ?’”.
Une phase d’auto-flagellation qui peut être nourrie par les commentaires de certain.es proches. “Dire à quelqu’un, ‘depuis le temps que je te le disais’ n’est pas très utile”, souligne l’experte.
Étape 2 : Accepter de ne pas avoir une rupture “propre”
Une fois les questions posées et les réponses désamorcées, une période de deuil particulière peut être notée. Celui de la rupture saine, d’une cassure nette et expliquée.
“En fait, il faut accepter qu’on n’aura pas cette fin ‘propre’. On peut vouloir chercher des réponses au début, mais c’est un vrai danger. Généralement, quand on tente de reprendre contact pour apaiser ce deuil, on repart pour un tour”, décrypte la psychothérapeute et auteure.
Selon elle, c’est l’une des désintoxications les plus ardues. “J’en ai vu plusieurs en consultation et parfois, c’est aussi long qu’une désintoxication alcoolique”, précise-t-elle.
Étape 3 : Enterrer son syndrome du sauveur
En acceptant que la relation toxique nous a été délétère, nous apprenons également sur nous-même. Car une fois le pervers narcissique sorti de sa vie, il faut conjuguer avec l’idée qu’on ne pourra jamais le sauver.
“Souvent, ce sont des personnes très généreuses, qui prennent soin de l’autre. Comprendre et accepter que l’on ne peut pas aider tout le monde peut prendre du temps. Mais il faut être conscient du fait qu’à sa seule petite échelle, on ne pourra jamais aider une personne toxique à aller mieux”, rappelle Anne Clotilde Ziégler.
Étape 4 : Accepter que la malveillance peut nous entourer
Cette réalisation va de pair avec la dernière grande leçon tirée d’une relation malsaine : on se rend compte que quelque chose de l’ordre du mal, de la malveillance existe.
“Certes, derrière le pervers narcissique se cachent des troubles psychiques, mais il y a quelque chose à admettre ici. On descend d’un monde de Bisounours et on arrive sur la terre ferme. Cela peut être très violent et rendre les gens amers”, remarque la psychothérapeute.
D’autant que des mécanismes de défense se mettent naturellement en place à sa suite, comme une vigilance quasi constante. “On tombe dans une forme de paranoïa où, dans la nouvelle relation, le moindre geste est scruté. Le comportement du nouveau compagnon peut également être interprété sur la grille du comportement de l’ancien”, poursuit-elle.
Par exemple, si la personne toxique usait de son retard pour peser psychologiquement sur sa proie et que le nouveau compagnon est naturellement en retard (donc n’a pas l’intention de nuire à sa moitié), son habitude peut être lue comme un acte de malveillance.
Cependant, Anne Clotilde Ziégler tient à nuancer. “La paranoïa n’est pas à débrancher tout de suite, parce qu’elle nous aide aussi à ne pas retomber dans certains filets. Il faut que la personne en face puisse nous rassurer et être fiable, transparente. On explique et on donne le contexte pour éviter les interprétations”.
De l’importance de l’accompagnement
Bien qu’un nouveau partenaire bienveillant puisse aider, afin de naviguer ces périodes rudes sans épuiser notre psyché et notre estime de soi, l’accompagnement reste important.
Ce dernier peut prendre la forme d’une thérapie, de lectures ou encore de vidéos spécialisées.
“L’un des intérêts de l’accompagnement, ici plutôt en temps deux, c’est de pouvoir analyser ce qu’il s’est passé et remettre la responsabilité de la proie au bon endroit, comprendre quelles sont nos vulnérabilités qui s’accrochent à la prédation, parce que ces dernières peuvent nous faire retomber dans des bras toxiques”, dévoile Anne Clotilde Ziégler.
Pour terminer, la psychologue tient à souligner que si le chemin paraît long, parfois même impossible à faire, “on s’en sort et drôlement grandi”. “À terme, il y a des bénéfices assez considérables (discernement, sagesse, vigilance, apprendre à donner de l’amour et plus à faire du sauvetage…)”, liste-t-elle.
Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.
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