Prix de l’électricité : pourquoi se préparer à une augmentation ?
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Prix de l’électricité : pourquoi se préparer à une augmentation ?

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Si les prix du gaz en Belgique se positionnent parmi les plus bas d'Europe, il n'en est pas de même pour l'électricité. Elle reste chère et elle est en passe de subir une augmentation sous peu. Les raisons ? Le nucléaire, le durcissement de la réglementation européenne et les fluctuations du marché. On vous explique.

La tarification électrique en Belgique

L’électricité est contrôlée au niveau national par la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG). Elle a autorité sur la réglementation des tarifs, la production et le transport de l’électricité, ainsi que sur le nucléaire. Chacune des trois régions a son propre marché de l’électricité, avec ses propres tarification, réglementation et taxes. Les autorités de contrôle au niveau régional sont la CWaPE en Wallonie, la VREG en Flandre et BRUGEL à Bruxelles-Capitale. Ces entités régulent leur politique régionale d’énergie renouvelable, la distribution d’électricité (en dessous de 70 kV de tension) et la recherche et le développement (hors nucléaire).

La facture d’électricité belge est composée de trois parties distinctes : le coût de l’énergie à hauteur de 21%, les taxes nationales et régionales pour 49% et enfin les coûts de réseau (distribution et transport) à hauteur de 30%. Le coût de l’énergie est encore sous-divisé avec le prix du kWh, la redevance (abonnement annuel) et la contribution énergie renouvelable du fournisseur d’énergie. Cette dernière sous-division concerne par exemple les frais d’achats de certificats verts ou de cogénération. Les coûts de réseau englobent la rémunération du Gestionnaire de Réseau de Transport (GRT) et celle du Gestionnaire de réseau de distribution. Elles sont réglementées par la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz, mais elles varient en fonction des régions. Les taxes nationales et régionales sont fixées par l’État fédéral et les différentes régions. Elles sont facturées par le fournisseur d’électricité au consommateur et sont ensuite restituées aux autorités.

Le montant pour une consommation en kWh équivalente peut alors être différent en fonction de la localisation du foyer (région, état, etc.). Pour trouver l’offre et le fournisseur les plus avantageux, il est conseillé de comparer les offres d’électricité, en renseignant votre consommation moyenne et votre localisation en Belgique. Vous pourrez ainsi économiser jusqu’à 200 euros en comparant gratuitement les offres d’électricité en seulement deux minutes !

Le contexte actuel

La Belgique est le 3ème pays d’Europe où l’électricité est la plus chère (après le Royaume-Uni et l’Allemagne). En contraste, les prix les moins chers sont en France et aux Pays-Bas.

La CREG (Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz) surveille l’évolution du prix de l’électricité 2 fois par an. Elle note une tendance à la hausse depuis la libéralisation de l’énergie depuis 2007. En moyenne, l’augmentation annuelle se situe entre 52 et plus de 100 euros. Entre 2020 et 2021, on remarque que ce sont surtout Bruxelles et la Wallonie qui ont subi les plus importantes augmentations. Comptez +12% pour les ménages wallons et +17% pour les ménages bruxellois. Ce sont les Flandres qui sont le moins à plaindre, avec une augmentation annuelle de +7%.

Au printemps 2020, la Belgique a vu une baisse de 11% dans ses prix de l’électricité. Cette baisse s’explique notamment par le ralentissement de l’activité commerciale dû à la pandémie de Covid-19. Il faut aussi se rappeler que les conditions météorologiques au printemps 2020 étaient favorables à la production d’énergie issue de ressources renouvelables.

Ce printemps 2021, le scénario est inversé. L’activité commerciale a repris à la normale et les conditions météorologiques sont loin d’être idéales. Il fait bien plus froid que l’an passé, avec un ensoleillement plus faible. La production d’énergie de source renouvelable ne sera donc pas comparable à celle de l’an passé à la même période. Il faut aussi compter sur l’impact économique de la pandémie qui a mis un grand nombre de particuliers et de professionnels en difficulté financière, et qui se retrouvent en défaut de paiement.

Plusieurs facteurs majeurs laissent aussi présager la hausse des prix de l’électricité : l’augmentation du prix de l’émission de CO2, des coûts de réseau (autant pour les clients résidentiels que pour les professionnels), du prix du kWh et des contributions aux énergies renouvelables. L’indisponibilité de certaines centrales et la sortie du nucléaire prévue pour 2025 contribueront également à la flambée des prix de l’électricité.

La question du nucléaire

À ce jour, la Belgique compte 7 réacteurs nucléaires à eau pressurisée se trouvant dans 2 centrales : Tihange et Doel. Ces réacteurs produisent plus de la moitié de l’électricité du pays.

Les fermetures temporaires de Coo et Tihange 2

En avril, le réacteur nucléaire de Tihange 2, qui produit 10% de l’électricité nationale, a dû être fermé temporairement. La centrale s’est mise en arrêt automatique suite à la fermeture d’une vanne dans sa partie non nucléaire. Si la réouverture s’est faite rapidement, cet incident a engendré une augmentation des prix de l’électricité. À cela s’ajoutent les travaux en cours au niveau de la centrale hydroélectrique de Coo et qui sera à l’arrêt pour quelques mois. Le pays est alors obligé d’importer une partie de son électricité, surtout que les conditions météorologiques ne sont pas favorables pour combler le manque énergétique au moyen des énergies renouvelables. La situation est d’autant plus critique que la centrale de Coo est souvent actionnée comme une batterie d’urgence. Grâce à son démarrage rapide, elle permet d’injecter de l’énergie dans le circuit en cas de manque.

La sortie du nucléaire

La partie la plus épineuse concerne la sortie belge du nucléaire, prévue en 2025. Elle a été adoptée par la loi du 31 janvier 2003, suivant une décision qui date de 1993. Le pacte énergétique 2018 a vu la mise en place d’un comité de monitoring pour attester de la viabilité du projet de sortie du nucléaire. La fermeture de certains réacteurs avait déjà été reculée pour assurer la sécurité d’approvisionnement pour le pays et de maintenir une certaine stabilité des prix. Toutefois, la décision de sortir du nucléaire semble avoir été actée par les partis verts eux-mêmes.

La fermeture des réacteurs sera progressive : Doel 3 en 2022, Tihange 2 en 2023, et Doel 1, Tihange 1, Doel 2, Doel 4 et Tihange 3 pendant l’année 2025. Les réacteurs seront ensuite démantelés.

La combinaison du nucléaire et des énergies renouvelables résulte pourtant en un mix énergétique à 70% à faible émission de carbone. Cet équilibre permet de maintenir des prix relativement stables tout en réalisant les objectifs environnementaux que le pays s’est fixés. Comment alors pallier le manque, étant donné que le mix électrique actuel repose essentiellement sur le nucléaire ? Le manque est estimé à 2,3 GW pour la sortie du nucléaire. L’État prévoit la construction de centrales au gaz naturel, appuyée par l’adoption d’une loi en 2019 pour la subvention de ce type de centrale électrogène. Au moins 2 ou 3 centrales au gaz seront nécessaires pour éviter tout black-out pendant l’hiver 2025-2026, en plus d’une augmentation des importations d’énergie depuis les pays voisins. Mais tous ces projets impliquent forcément de rentabiliser les coûts quelque part, et il y a de fortes probabilités que ce soit le consommateur qui en pâtisse.

Les conséquences environnementales de la sortie du nucléaire

Les objectifs climatiques et environnementaux qui commençaient à se concrétiser avec le nucléaire en souffriront également. Les centrales à gaz utilisent des énergies fossiles non renouvelables et polluantes. En comparaison, une centrale nucléaire émet 12 grammes d’équivalents CO2 par kWh contre 490 g pour la centrale à gaz. Les prévisions estiment que la production d’énergie belge fera partie des plus polluantes en 2030.

L’évolution des droits d’émission de CO2

Il s’agit là d’un autre facteur important qui va influer sur les prix de l’électricité en Belgique. Les industries et les producteurs d’énergie doivent payer pour leurs émissions de CO2. Les producteurs d’énergie doivent obligatoirement acheter ces droits, contrairement aux entreprises et industries qui peuvent racheter le solde déficitaire d’autres entreprises.

Le droit d’émission par tonne de CO2 a augmenté de moitié depuis le début de l’année 2021, atteignant la somme de 50 euros. L’augmentation de ce droit d’émission est notamment due aux prévisions de durcissement anticipé de la réglementation européenne. L’Union européenne vise en effet une réduction des émissions de CO2 de 55% d’ici 2030 (contre 40% auparavant), mais tend aussi à brider le système de droits d’émission, justement pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ces changements ont eu pour effet de favoriser l’investissement spéculatif sur les droits d’émission, qui ont été achetés en masse en vue de réaliser une plus-value dans le futur.

La hausse du prix du droit d’émission de CO2 a aussi contribué à l’augmentation du prix de gros de l’achat d’énergie. Il est aujourd’hui beaucoup plus élevé que l’an passé, et se trouve à peu près au même niveau qu’en 2018. Cette différence de prix ne se répercutera pas immédiatement sur les factures du consommateur, mais une hausse est inévitable dans le futur. Il est estimé qu’une augmentation du prix du CO2 de 1 euro engendrera une hausse du prix du MWh de 40% : donc en effectuant un calcul rapide, on peut anticiper une augmentation de 40 euros. Cette hausse ne concerne que la partie énergie de la facture d’électricité du ménage belge. À cela viendront également s’ajouter les taxes et coûts du fournisseur qui vont aussi augmenter en même temps que l’énergie deviendra plus chère.

Comment réagir face à cette augmentation inévitable ?

Pour vous assurer de payer un montant juste, nous vous conseillons de revoir les tarifs de votre contrat et de le comparer à d’autres offres. Pensez également à optimiser votre consommation en fonction du type de compteur.

Changer de contrat

Vous pouvez vous rendre sur le site du CREG pour savoir ce que vaut votre contrat actuel par rapport au reste du marché. Vous trouverez ensuite plusieurs comparateurs en ligne qui vous aideront à trouver la formule la plus avantageuse dans votre région. La digitalisation aidant, il vous sera possible de souscrire directement sur internet. Pour rappel, vous pouvez rompre votre contrat à tout moment, sans que cela ne vous expose à des frais de rupture.

Optimiser son utilisation de l’énergie en fonction de son compteur

Il faut également savoir que le prix du kWh en Belgique dépend du type de compteur électrique installé : mono-horaire, bi-horaire ou exclusif de nuit. Ces compteurs aux tarifications différentes doivent normalement permettre de réaliser des économies, s’ils sont utilisés convenablement. Les compteurs bi-horaires tiennent comptent des heures pleines (journées de semaine) et des heures creuses (nuit et week-end), avec une tarification différente. L’objectif étant de motiver les usagers à utiliser les appareils les plus gourmands en énergie durant les heures creuses, quand la tarification est plus avantageuse. De cette manière, l’excédent d’énergie produit la nuit trouve une utilisation. La tarification de jour du compteur bi-horaire est en conséquence plus élevée durant les heures pleines.

Le compteur exclusif de nuit est quant à lui destiné aux ménages utilisant des modèles de chauffage électrique à accumulation.

Tarif fixe ou variable ?

Les offres à tarif fixe proposent un même prix au kWh sur toute la durée du contrat. Pour compenser, les fournisseurs d’énergie facturent une redevance plus importante. Pour les contrats à tarif variables, le prix du kWh est régulièrement revu à la hausse ou à la baisse, parallèlement aux fluctuations du marché. Ces variations ne sont toutefois visibles qu’à l’arrivée du décompte annuel chez le client. En cas d’augmentation des tarifs, la différence est souvent importante. Si les contrats à tarifs variables peuvent sembler plus avantageux en fin de contrat, le contrat à tarif fixe offre davantage de sécurité.

L’augmentation se fera surtout ressentir chez les clients ayant choisi un contrat à prix variable. Les fournisseurs adaptent en effet leurs prix en fonction de ceux du marché, et ces derniers sont sensibles aux variations du prix du CO2.

En contraste, ceux ayant choisi un contrat à prix fixe et qui s’étale encore sur une longue durée bénéficieront du même tarif que l’an passé. Ce ne sera par contre pas le cas de ceux dont le contrat arrive bientôt à terme. Comment faire alors pour éviter de se retrouver avec une facture d’électricité trop importante ? On peut opter pour la sécurité d’une offre à prix fixe, avec un même prix au kWh et donc le même montant de facture. Le tarif devra être maintenu, et ce indépendamment des développements pouvant affecter la production d’électricité en Belgique.