Un homme, ça ne pleure pas
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Un homme, ça ne pleure pas

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A travers son projet “What real men cry like”, la photographe Maud Fernhout bouscule les stéréotypes de genre. Exit l’image de l’homme fort véhiculée par les médias, les larmes sont un droit.

Un homme, un vrai, ça ne pleure pas. Un homme, un vrai, c’est fort en toute circonstance. Imaginez combien cela doit être éprouvant de retenir ses émotions. Pire, concevez maintenant ces sentiments comme étant honteux. Que vous soyez triste, surmené, fâché ou apeuré, vous ne pouvez pas pleurer. On connait tous cette sensation douloureuse: une boule qui vous serre la gorge, une respiration qui se fait de plus en plus haletante, les larmes qui montent aux yeux, voilant votre regard, et votre voix qui déraille. Contenez-vous messieurs. Aucune larme ne doit rouler sur votre joue. On vous le répète: un homme, un vrai, ça ne pleure pas.

 

© Maud Fernhout

© Maud Fernhout

C’était sans compter sur la jeune étudiante et photographe de 19 ans, Maud Fernhout. Elle s’est amusée à envoyer valser les murs érigés entre hommes et femmes en photographiant le “sexe fort” pleurant devant l’objectif. Cette série de photo répond à son premier projet contre le sexime, “What real Women Laugh like”.

Auparavant, la jeune étudiante avait shooté des femmes éclatant de rire. Selon elle, dans les médias, les mannequins ne sourient jamais et rient encore moins. Il était grand temps de réparer la faute. Que votre sourire déforme quelque peu vos traits, que vos rides ressortent ou que vous pleuriez de joie, peu importe, pour Maud, vous êtes belles en riant.

«Avant je me considérais comme quelqu’un de fort parce que je ne pleurais pas, désormais je me sens faible parce que je ne peux pas pleurer.» – Aditya.

 

A l’instar de ce premier projet, la jeune photographe voulait donc révéler les pressions subies par les hommes, cette fois-ci. Cependant, rire de bon coeur ne leurs est pas interdit. Pleurer en revanche.. Le projet est donc né grâce à la participation de plusieurs étudiants et amis de son campus au Pays-Bas.
Elle déclare dans une interview accordée à Buzzfeed, que pleurer ne leur semblait pas naturel. Ils se sont tous accordés sur le fait qu’ils subissaient énormément de pression de la part des médias pour être forts. Chaque shooting a donc été une expérience personnelle et unique.

«Pleurer de rire et rire à en pleurer: ces deux formes d’expression des émotions sont tellement proches que ça me fait peur. Comme si les gens avaient besoin de cet équilibre entre tristesse et bonheur pour pouvoir vivre. Chaque individu s’en accommode. Le monde est rempli de tristesse, de douleur et de joie. C’est une satisfaction de savoir que nous avons les pleurs comme exutoires pour pouvoir avancer dans la vie. Et les gens devraient pouvoir connaître ce sentiment comme ils en ont envie.» – Kevin

«Pleurer de rire et rire à en pleurer: ces deux formes d’expression des émotions sont tellement proches que ça me fait peur. Comme si les gens avaient besoin de cet équilibre entre tristesse et bonheur pour pouvoir vivre. Chaque individu s’en accommode. Le monde est rempli de tristesse, de douleur et de joie. C’est une satisfaction de savoir que nous avons les pleurs comme exutoires pour pouvoir avancer dans la vie. Et les gens devraient pouvoir connaître ce sentiment comme ils en ont envie.» – Kevin

Elle ajoute tout de même avoir suivi un protocole afin de susciter de l’émotion : “Chaque shooting était différent. Mais globalement, pour être à la fois sérieux et dans l’émotion, on écoutait de la musique, on regardait des films ou bien on s’asseyait en silence ou on parlait de sujets qui les touchaient tout particulièrement.”. Elle a essayé de les suivre et leur assurait qu’ils pouvaient prendre leur temps.

Désormais, Maud Fernhout souhaite s’attaquer à une nouvelle problématique : les abus sexuels et leurs victimes. La jeune étudiante envisagerait également un projet sur les droits LGBT.

Retrouvez l’ensemble des projets de Maud Fernhout ici  

Eloïse P. (stagiaire)