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- Pouvez-vous vous présenter et expliquer brièvement votre parcours avant la création de votre entreprise ?
Florence Derck : Je suis une Gantoise de 29 ans. Après 5 ans d’études à Leuven puis Solvay en tant qu’ingénieure de gestion et un passage en banques, j’ai choisi de vivre de ma passion : l’Art contemporain.
J’ai commencé comme stagiaire chez Christie’s à Amsterdam avant de travailler à Londres pendant 2 ans. Après avoir été reçue au concours du Prince Albert Fond et à l’occasion de la recherche d’un sponsor pour partir à l’étranger, j’ai intégré la galerie américaine Gladstone dans sa filiale de Bruxelles pour 3 ans en tant que directrice associée.
La pandémie a été un déclencheur et qui m’a permis de sauter le pas pour devenir entrepreneuse. Avec mon associée Diane van Impe, nous avons créé une plateforme pour mettre en valeur les artistes de la scène belge qui s’appelle « DEMAIN Art». L’idée est de faire connaître des artistes basés en Belgique en devenir qui ne sont pas encore liés à une galerie.
Je suis également une grande passionnée de voyages et plus précisément d’Amérique Latine que j’ai commencé à découvrir lors de mon Erasmus et stage à l’ambassade de Belgique à Buenos Aires.
Et me voici aujourd’hui avec l’initiative de Belgium’s 40u40 dont je fais partie et qui souhaite rassembler de jeunes leaders de demain et de leur donner une plateforme pour développer leurs idées, se connecter les uns aux autres et créer un impact positif sur la société.
Florence Derck et Diane Van Impe, fondatrices de la galerie Demain Art
Diane Van Impe : Suite à des études de droit à la KULeuven, j’ai suivi un master supplémentaire en droit de l’art à Christie’s Education/Glasgow University à Londres. Après des stages dans différents cabinets d’avocats ainsi que chez Christie’s à Londres, j’ai eu l’occasion de travailler pour Dominique Allard et Anne De Breuck dans l’équipe patrimoine à la Fondation Roi Baudouin.
Finalement c’est au centre d’art contemporain WIELS que j’ai fait de ma passion mon travail. Depuis 2018, je suis responsable des relations publiques et du développement des partenariats avec les entreprises au sein de l’équipe mécénat. J’ai également lancé le WE Club, un cercle de jeunes mécènes, qui rassemble une petite centaine de passionnés et curieux d’art contemporain.
En 2020, j’ai lancé la plateforme DEMAIN Art avec Florence Derck en soutien aux artistes émergents qui vivent et travaillent en Belgique.
- En quoi consiste votre entreprise ? Quel est son but et quel est votre rôle au sein de celle-ci ?
DEMAIN est né de l’identification de deux problèmes :
Lors du premier lockdown, les artistes se sont retrouvés dans une situation délicate. Des expositions et des projets ont été annulés et des galeries ou des musées ont été contraints de mettre temporairement en attente leur personnel, dont beaucoup de jeunes artistes. Les artistes se retrouvaient ainsi sans revenus et souvent isolés dans leurs ateliers.
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Parallèlement, nos amis ont montré de plus en plus d’intérêt pour la collection d’art. Ils venaient de se marier ou d’acheter un appartement ou une maison, mais ne savaient pas par où commencer pour acheter une œuvre d’art ou n’avaient pas assez de budget pour aller dans une galerie.
Nous savions que nous pouvions apporter une valeur ajoutée en sélectionnant des artistes prometteurs et en leur donnant une visibilité au sein de notre réseau de collectionneurs, de curateurs et de galeristes. C’est ainsi que DEMAIN a vu le jour en juin 2020 en tant que projet parallèle.
Nous voulons rendre l’art de qualité accessible à tous et tenter de combler le fossé entre les amateurs d’art et les artistes.
DEMAIN représente des artistes émergents vivant et travaillant en Belgique qui n’ont pas encore le soutien d’une galerie. Nous établissons des liens entre toutes les parties prenantes du monde de l’art, sur base d’expertise, de confiance et de passion. Grâce à nos plateformes numériques (instagram & site web), nous proposons des œuvres d’une sélection d’artistes talentueux à des prix accessibles à notre réseau. Outre l’aspect numérique, nous invitons nos clients dans l’atelier de l’artiste afin de permettre un dialogue personnel avec ce dernier. Nous organisons également des expositions temporaires avec nos artistes en collaboration avec des collectionneurs, des curateurs, des architectes, des designers, toujours dans des lieux différents.
Notre mission est double : d’une part, ouvrir un monde de l’art complexe et fermé et, d’autre part, créer des opportunités pour les artistes émergents. Nous voulons rendre l’art de qualité accessible à tous et tenter de combler le fossé entre les amateurs d’art et les artistes. Nos plateformes permettent aux visiteurs d’aborder l’art d’une nouvelle manière, dans laquelle la durabilité et la transparence sont centrales. Parallèlement, nous souhaitons stimuler la carrière des artistes émergents en les guidant dans l’exposition de leurs œuvres et en augmentant leur visibilité et leur portée.
Qu’avez-vous mis en place pour réinventer les traditions et faire évoluer le marché existant ?
DEMAIN est né comme une alternative innovante au modèle classique de la galerie « white cube ».
Tout d’abord, nous intervenons dans la période précédant la galerie : un moment crucial dans la carrière d’un artiste entre la sortie de l’école et la recherche d’une représentation permanente. DEMAIN fonctionne comme un incubateur pour les artistes et permet ainsi aux galeries de repérer des artistes talentueux par le biais de DEMAIN. Comme nos artistes ne sont pas encore représentés par une galerie, les prix des œuvres restent accessibles.
En même temps, nous voulons offrir à nos clients une sélection de haute qualité d’artistes qui pourraient bien définir la scène artistique belge de demain. Sur la scène de l’art contemporain, où il est souvent difficile de séparer le bon grain de l’ivraie, nous voulons être leurs yeux.
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Deuxièmement, nous trouvons important de donner à nos clients la possibilité de rencontrer l’artiste dans son atelier et de leur offrir ainsi une expérience unique. Souvent, une relation à long terme se développe entre l’artiste et le collectionneur. Il s’agit d’un service dont ne dispose pas actuellement un acheteur dans une galerie.
Dans un monde de l’art fermé où les prix restent souvent tabous pour quiconque n’est pas un acheteur d’art passionné, nous voulons être une plateforme numérique transparente où tous les prix sont visibles. De cette manière, nous espérons démontrer que l’art de qualité est accessible à tous.
Depuis le début de l’année, nous nous concentrons davantage sur les projets « corporate » : nous vendons des œuvres d’art à des entreprises belges qui souhaitent constituer une collection d’art et l’exposer dans leurs bureaux pour inspirer leurs employés et leurs clients, tout en ayant un impact positif sur la scène artistique locale. Nous pensons qu’il existe une demande pour une gamme accessible d’œuvres d’art et aussi pour la conservation ou le placement des œuvres dans les espaces. Nous constatons également que les employeurs cherchent des moyens de rendre le lieu de travail à nouveau attrayant, et l’art peut être un outil approprié à cet effet.
Que signifie pour vous être une « Bold Woman » dans le monde du travail ?
Pour nous, c’est une femme qui n’a pas peur de prendre des risques, qui ose prendre la parole, mais qui applique également des émotions féminines et qui ose les montrer.
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