« Etre un homme alcoolique, c’est mal vu mais à la limite ça passe. Etre une femme alcoolique, c’est un cauchemar aux yeux de la société, directement vous êtes cataloguées de pochtronne, de mère indigne, de femme indigne, bref vous êtes exclue de la société. » Changer cette vision sur l’alcoolisme, c’est notamment un des défis que s’est fixé Nathalie. En entreprenant des études d’alcoologie, la mère d’une jeune fille de 17 ans souhaite également mettre son expérience au profit des personnes et des familles qui traversent les mêmes épreuves qu’elle a vécues.
La descente aux enfers
Au début, Nathalie buvait un verre ou deux en soirée parfois elle exagérait un peu et buvait de trop. Son mari le lui faisait remarquer, mais personne n’avait conscience de ce qu’il était en train de se passer. « A un moment donné, pour avoir la force d’aller au boulot, j’ai eu besoin de boire avant d’aller travailler. Je ne me sentais pas pour autant dépendante, je me disais que j’étais mal dans ma peau, que j’étais déprimée mais que dès que j’irais mieux, j’arrêterais de boire.«
Les signes physiques liés à la dépendance de l’alcool se sont rapidement présentés, tremblements, sueurs, … « Mon mari, ma soeur et ma mère ont remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Avec ma soeur, je me suis rendue chez notre médecin traitant. Il nous a pratiquement mises à la porte. Il a refusé de s’occuper de moi justifiant que les alcooliques étaient tous des menteurs. Il n’a même pas daigné me donner le nom d’un autre spécialiste à consulter. »
Trouver de l’aide et être informé sur l’alcoolisme en Belgique, c’est l’un des problèmes que pointe aujourd’hui Nathalie. « Pour mon mémoire, j’ai cherché à référencer les centres dans lesquels j’étais passée. Et bien, j’ai dû chercher pendant des heures pour trouver les adresses sur internet. Alors imaginez: quand vous êtes alcoolique, il vous arrive d’avoir des lueurs d’espoir mais si vous devez chercher plus de 5 minutes un numéro de téléphone, c’est certain, vous allez abandonner et rechercher votre bouteille.«
Après ce premier appel à l’aide raté, Nathalie a continué à boire, encore et encore. La maman d’une jeune fille de 17 ans a effectué une cure, deux cures, trois cures… en tout pendant 7 ans, Nathalie a réalisé 18 cures allant de 1 semaines à 6 mois pour la dernière. Sa vie était ponctuée de périodes d’abstinence suivie de rechutes. « Après ma première cure, j’ai voulu me suicider, car dans ma tête je n’avais droit qu’à une seule chance. Ayant raté cette chance, le suicide était la seule solution pour m’en sortir. Mais qui a dit qu’on ne pouvait faire qu’une seule cure?«
Octobre 2013, sa maman et sa soeur ont posé un ultimatum; soit Nathalie va dans le centre de Malmedy (solide réputation), soit elle se fait retirer sa fille et ne revoit plus sa famille. Cette dernière cure sera une réussite. « Je vois deux choses qui ont fait de Malmedy une réussite. Il y a eu un déclic en moi, quelque chose que je ne sais pas expliquer. Il y a surtout eu l’intense travail sur tous les aspects de ma vie effectué dans ce centre. Partout ailleurs, on m’interdisait de boire parce que j’étais simplement Nathalie l’alcoolique. A Malmedy, on a travaillé sur tous les aspects de ma personnalité pour me guérir. »
Nathalie n’a pas vaincu l’alcool, elle a cessé le combat avec l’alcool. « Je sais que l’alcool sera toujours plus fort que moi mais aujourd’hui, j’ai divorcé. Ça ne vaut pas pour autant dire que je suis guérie à 100%. L’alcoolisme est une maladie, tout comme quelqu’un pourrait être allergique au lactose, moi je suis allergique à l’alcool. Il y a un dysfonctionnement en moi et, même si je suis abstinente depuis 4 ans, je ne veux surtout pas tenter mon esprit de retomber malade. Après Malmedy, j’ai déménagé, dans un nouvel appartement, il est hors de question d’y amener de l’alcool. Une seule fois, par mégarde, ma fille a monté une bouteille de vin qu’elle devait offrir. Dès que je l’ai vu, j’ai pris la bouteille et je l’ai redescendue dans la voiture.«
Et après
Après sa sortie de Malmedy, Nathalie réfléchira pendant 2 ans sur la tournure qu’elle souhaite donner à sa vie. Finalement, se sentant assez forte, elle arrivera à la conclusion qu’elle veut témoigner et aider les autres femmes alcooliques. « Au début au supermarché, je fuyais le rayon alcool. Aujourd’hui, parfois je regarde une bouteille et je lui dis « alors ta vie, ça va ? Parce que moi je m’éclate en tout cas » ça peut paraître futile mais ça me fait un bien fou.«
Dans quelque temps, Nathalie détiendra un diplôme d’alcoologie. Une fois en main, elle compte recevoir des personnes concernées de près ou de loin par l’alcoolisme et qui souhaitent un accompagnement. « Je ne pourrai pas faire le travail à leur place mais je serai là comme un guide, un peu comme un guide de montagne« .
Les projets ne manquent pas dans la tête de Nathalie, la maman veut continuer de témoigner, elle compte également écrire un livre et à terme créer un One Woman Show. « L’alcoolisme chez les femmes est une maladie qui touche tous les milieux et tous les âges. C’est un sujet qui dérange actuellement, car en parlant d’alcool chacun est renvoyé à sa propre consommation. Mais il faut que la société évolue et mette de l’aide accessible à ceux qui en ont besoin« .
Plus d’infos sur sa page Facebook.
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