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Du rap… sensible
Eddy dénonce la ‘virilité abusive’ de notre société. Petit, alors qu’il voulait jouer avec les poupées, résonne les injonctions typées de son paternel: ‘ne pleure pas’, ‘va jouer au ballon’. Avec Kid, il dénonce les clichés du genre qui pèse sur les frêles épaules des garçons en illustrant sa propre histoire. Alors qu’avec le clip de Random, il pose sur fond rose. Jugé ‘néfaste pour de glorieux gaillards’. Entre pied de nez et contre-pied, Eddy pratique le rap de façon poétique. Tout en offrant une autre vision de la Barbie (plutôt que de l’afficher en string au bord d’une piscine, il se réapproprie ses codes). Une belle invitation à réinventer la masculinité. Qui fait écho au mouvement initié par #MeToo.
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Une culture paradoxale
Il grandit en écoutant Nougaro et Barbara à la maison, adule Charles Aznavour et se nourrit de Rohff, Diam’s et Booba au foyer de son quartier. Majeur, il suit un cours d’Arts de la Scène à Paris et se forme à la danse, au théâtre, à la diction et au chant. Un éventail de connaissances qui lui permet de naviguer dans les styles et de créer le sien avec assurance.
Des punchlines en enfilade
Le jeune auteur-compositeur-interprète à la vingtaine entamée a le sens du propos. Ses textes sont puissants et jouissifs grâce à leur contraste saisissant: ribambelle d’images crues et sincères, jouant la carte de la transparence sur son monde parfois froid et hostile, adoubées de finesse et de justesse. Parfois même d’une forme de délicatesse. Le tout sur un flow particulièrement enivrant et un ton joliment posé, sans volonté de s’affirmer. Ce qui le propulse in fine sur un piédestal naturel.
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Stylé singulier
Eddy de Pretto pourrait être le fils caché de Rupert Grint et de Matali Crasset (cf.photos). Avec un style bien à lui, Eddy prouve son sens de l’autodérision et se démarque de ses concurrents: pantalons trop courts, sneakers imposantes, sportwear qui privilégie le confort… Il aborde la fashion street de façon racée l’air de pas y toucher. Respect.
Ôde au minimalisme
Sur scène, il la joue low profile: une batterie et un smartphone. Basta. Objectif: garder l’attention sur l’essentiel. Son corps en mouvement et ses textes ciselés. Jolie mise en scène reflétant bien notre société remplie d’êtres solitaires greffés à leur smartphone. Comme lui. Ce n’est même pas un reproche. C’est peut-être d’ailleurs le seul point faible que certains lui reprochent: un manque de prise de position. Pour l’heure, Eddy De Pretto en prend une égocentrée: son besoin de reconnaissance. Le meilleur moyen de le rassurer? Vous procurer son premier album, Cure, dans les bacs le 2 mars.
Eddy De Pretto sera en concert au Botanique le 22 février, aux Nuits Bota le 5 mai, au Festival les Ardentes, le 5 juillet.
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