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De retour dans son écrin historique après quatre années de rénovation, la maison au double C a déployé ses ailes sous la verrière du Grand Palais. Un show de haute voltige.
En octobre dernier, Chanel reprenait ses quartiers au Grand Palais, son lieu de défilé privilégié depuis plus de deux décennies. Un retour aux sources dans ce haut lieu de la scène culturelle française qui a été le témoin des shows les plus mémorables de la maison aux camélias depuis 2005 : le supermarché Chanel, les toits de Paris, l’iceberg, l’aéroport, sans oublier l’impressionnante station de lancement spatial où Karl Lagerfeld avait fait décoller une fusée. Chanel, en tant que Grand mécène du Grand Palais, a soutenu le projet de restauration et d’aménagement de ce monument parisien situé en bordure de Seine, dont l’une des entrées a récemment été rebaptisée « Gabrielle Chanel » en hommage à la fondatrice.
Une cage ouverte
1er octobre 2024. En ce dernier jour de la Fashion Week printemps-été 2025, le soleil caresse la verrière du Grand Palais. La lumière dorée souligne la beauté de la structure en fer forgé et ses courbes Art nouveau. Au centre, une cage à oiseaux monumentale trône sous la nef, immaculée, entrelacée des fameux doubles C.
Son inspiration ? Une publicité iconique de 1991 pour le parfum Coco, où Vanessa Paradis, tel un canari, chantonnait sur une balançoire géante. La porte de la cage, volontairement laissée ouverte, est un symbole fort : celui de l’émancipation, de l’audace et du mouvement.
Une métaphore parfaite pour une maison en pleine transition suite au départ soudain de Virginie Viard en juin dernier. Cette collection, “celle d’un envol”, est la première imaginée entièrement par le studio de création interne. Au premier rang : Angèle, Naomi Campbell, Margaret Qualley, Whitney Peak, Greta Gerwig, Jennie de Blackpink.
Mousseline et plumes
D’un pas décidé, vêtue d’un tweed noir, le mannequin italienne et fidèle muse de la maison, Vittoria Ceretti, s’élance. S’ensuit alors un ballet aérien où la fluidité règne en maître. Capes en mousseline impalpable, robes chemises rebrodées de transparence, pantalons amples et souples, trenchs imprimés de plumes multicolores…
Chanel
“Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux, Regardez-les s’envoler, c’est beau” chantait Perret. Chaque pièce semble habitée par le souffle du vent, une invitation à se mettre en mouvement. Les matières virevoltent à chaque passage, les plumes habillent cols et vestes, les bords des pantalons en tweed semblent s’effilocher pour mieux voler… Une cape en plumes multicolore, telle un oiseau de paradis, est ici associée à une jupe noire semi-transparente, là à un jean ample, brodé de strass.
Chanel
Les codes emblématiques – le tailleur, la petite robe noire, le jersey, le matelassé, sont bien sûr présents et réinventés sous un nouveau jour, tandis que les souliers à plateformes et la palette de nuances sorbets insufflent aux silhouettes un vent de modernité.
Un souffle de liberté
Côté références, elles sont nombreuses et toujours ancrées dans l’ADN de la maison de la rue Cambon. Blousons d’aviateur à col Claudine, combinaisons de pilote en faille noire ou blanche, tailleurs subtilement agrémentés d’empiècements cravate ton sur ton, robes uniformes à col blanc…
Chanel
L’esprit des pionnières est partout. Comme un hommage vibrant à ces femmes qui, à l’image de Gabrielle Chanel, ont brisé les carcans et pris leur envol, affranchies du poids des conventions. On pense aux danseuses de music-hall, aux écrivaines affranchies, aux aviatrices défiant les cieux. Autant de figures pionnières qui ont ouvert la voie et redessiné les contours de la féminité.
Le show atteint son apogée avec la voix envoûtante de l’actrice et chanteuse américaine Riley Keough. Perchée sur une balançoire dans la cage à oiseaux, elle entonne les notes de “When Doves Cry”, (“Quand les Colombes Pleurent”) de Prince.
Chanel
Un moment suspendu, en écho à la note laissée sur chaque siège. Une citation extraite des Mémoires de Coco, écrits par Louise de Vilmorin : « On a toujours voulu me mettre en cage, des cages aux coussins gonflés de promesses, des cages dorées, des cages que j’ai touchées en détournant le regard. Je n’en ai jamais voulu d’autre que celle que je construirais moi-même. » Un manifeste d’indépendance et de liberté, à l’image de cette collection, alors que Chanel s’apprête à prendre un nouvel envol avec la nomination de Matthieu Blazy. Plus que jamais, la maison au double C déploie ses ailes.
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