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Le terme « Glass Cliff » fait son apparition dans l’Oxford Dictionnary en 2016. Il désigne les postes de direction confiés à des femmes en temps de crise. En réalité, ces « promotions » sont des pièges. C’est notamment l’expérience douloureuse qu’a vécue Carol Bartz, lorsqu’elle a été nommée PDG de Yahoo en janvier 2009. Bien avant cela, le navigateur était déjà en difficulté. Et c’est sans surprise que deux ans après, Carol Bartz est licenciée. Yahoo sombrera quelques années plus tard dans l’oubli.
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Qu’est-ce que le « Glass cliff » ?
Le terme est utilisé pour la première fois en 2005 par les professeurs Michelle Ryan et Alex Haslam de l’Université d’Exeter. Il traduit la nomination de femmes à des postes stratégiques après de nombreuses années de déficit. De multiples exemples concrets illustrent ce fléau. Par exemple, après la crise financière de 2008 de nombreuses femmes remplacent leurs homologues masculins dans les grandes banques… la situation étant catastrophique.
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Les recherches effectuées soulignent que les femmes sont plus éligibles à diriger des postes à hautes responsabilités lors de crises. Que ce soit en entreprise, au sein d’une équipe sportive ou même d’un pays. Pourtant, ces emplois « glass cliff » s’accompagnent de désavantages majeurs (épuisement professionnel, stress) et peuvent mener à un arrêt de carrière.
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Comment se manifeste le « Glass cliff » ?
Pour Florian Kunze, le spécialiste en études de genres, c’est une discrimination implicite. Le professeur à l’université de Konstanz affirme : « Il reflète généralement une crise au sein de l’entreprise et/ou du pays« .
L’exemple par excellence, est celui de la nomination de la Première ministre britannique Theresa May en 2016. « Le contexte en Angleterre était instable, notamment parce que le Brexit venait d’être voté ». Dans certaines situations, il est (presque) impossible de réussir convenablement les missions confiées. Une étude portée sur toutes les grosses entreprises aux États-Unis entre 2000 et 2016 prouve qu’en temps de crise économique, il y a jusqu’à 50% de chance qu’une femme soit nommée pour un poste à hautes responsabilités. Et pour quelles raisons ? Selon Florian Kunze, « les femmes embauchées ont plus de compétences dans les relations interpersonnelles et pour convaincre les gens. C’est aussi un signal donné par l’entreprise pour montrer une volonté de changer le fonctionnement interne ». Attention, « ces femmes doivent être vigilantes, et réfléchir aux raisons de cette embauche et aux perspectives offertes ».
« Un cadeau empoisonné »
Selon la professeure à l’Antwerp Management School, Sara Bastiaensens, la « falaise de verre » est un « cadeau empoisonné« . Selon elle, « les chiffres de ce phénomène varient selon les pays. Par exemple, aux États-Unis et en Angleterre on observe plus de cas de Glass cliff comparé à l’Allemagne ou la Suisse. » Toutefois, il n’existe pas de données exactes pour la Belgique. À noter que ce phénomène affecte également les personnes généralement sous-représentées dans les postes de directions, les minorités par exemple. La spécialiste souligne également « qu’il peut être difficile pour une femme d’intégrer un réseau. En effet, il existe peu de femmes dans des positions de leaderships. Les logiques de réseaux reposent sur des similarités. » Pour réduire ce phénomène, les chercheurs recommandent d’accentuer la diversification des personnes qui occupent des postes à hautes responsabilités. L’objectif ? Réduire les discriminations, même si ce n’est pas en temps de crise !
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