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Soixante mètres d’un tapis rouge incandescent, vingt-quatre marches mythique à l’ascension parfois périlleuse, des photographes parqués en quête du cliché iconique : le festival de Cannes, c’est avant tout – au delà de la prestigieuse compétition cinématographique – cette scène de théâtre au décor millimétrée qui chaque année se mue en opulente démonstration de glamour, d’élégance et de luxe couture.
Et pour cause, ceux et celles qui se rendent aux projections du célèbre auditorium Louis Lumière se voient opposer depuis plus d’un demi-siècle une mention « tenue correcte exigée » au dos de leur carton d’invitation, leur imposant généralement le port du smoking pour ces messieurs, et la robe du soir doublée de talons pour ces dames.
Bien que la direction du festival n’ait cessé de démentir l’existence d’un quelconque dress code à l’encontre du deuxième sexe, notamment au regard des souliers perchés, un simple coup d’oeil aux tenues arbhorrées par les invitées depuis la création du festival en 1946 nous laissant constater une légère inclinaisons pour des robes couture à la féminité exacerbée, mêlant confection spectaculaire et design photogénique, le tout signées de maisons de luxe qui n’ont cessé de transformer cette fameuse montée des marches en un défilé de mode à part entière.
Le but de cette manœuvre ultra-médiatisée dans le monde entier, pour les créateurs comme pour les célébrités ainsi gracieusement habillées ? Se faire remarquer, quoiqu’il en coûte, quitte à faire flirter allègrement l’élégance avec l’indécence, le chic avec l’extravagance, bref le style avec le scandale, aussi superficiel soit-il.
La preuve en 10 partis-pris stylistiques, entre entorses au règlement inavouées et exhibitionnisme assumé.
Festival de Cannes 1967 – Le total-look sixties de Vanessa Redgrave
Exit les robes de gala endimanchées et autres porte-étendards d’une élégance bourgeoise.
Icône de style et muse inoubliable du Blow-Up de Michelangelo Antonioni (qui recevra d’ailleurs la Palme d’Or cette même année), l’actrice Vanessa Redgrave arrive à la projection vêtue d’un ensemble à l’imprimé psychédélique qui épouse sa silhouette littéralement des pieds à la tête.
Une audace stylistique tout droit issue de la mode des années 60 qui ouvrira la voie à de prochaines impertinences vestimentaires made in Cannes !
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Festival de Cannes 1975 – Le top transparent de Bianca Jagger
La rumeur court que c’est avec cette silhouette à l’audace sulfureuse que Bianca Jagger, alors socialite et « épouse de », aurait contribué à démocratiser le fameux naked look qui n’a cessé de rythmer par la suite l’histoire du Festival.
Au programme : une jupe longue noire jouxtée d’un top transparent dont la feuille brodée dissimule subtilement la poitrine de l’icône des seventies.
Le détail qui tue ? Le béret en velours noir, dont on peut soupçonner une certaine portée politique au regard du contexte socio-culturel américain de l’époque. Vous avez dit provoc ?
Festival de Cannes 1991 – Le soutien-gorge conique de Madonna
Festival de Cannes 1991. C’est la première fois que Madonna foule le tapis rouge le plus célèbre de la Croisette. Venue présenter In bed with Madonna, le documentaire qui dévoile les coulisses de sa dernière tournée, l’interprète de Like A Virgin arrive devant une foule en délire dans une monumentale cape rose satinée, dans laquelle elle se lovera jusqu’au sommet des marches.
Une fois en haut, elle se tourne vers le public, fait tomber son pardessus… et dévoile un soutien-gorge aux seins coniques. Signé Jean Paul Gaultier, il s’inspire du corset similaire imaginé par le couturier pour la-dite tournée de la chanteuse, The Blond Ambition Tour. Résolument anti-conventionnelle, Madonna le porte avec un short en satin immaculé et une paire de mules à micro-talons.
Bref, un look aux antipodes du dresscode cannois qui n’a pourtant pas manqué de forger son histoire.
Festival de Cannes 1995 – Le flashing de Sharon Stone
Une robe ? Une combi-short ? Une jupe ? Telle une équation stylistique à l’époque peu facilement surmontable, la tenue Valentino arborée par Sharon Stone alors en pleine ascension se joue allègrement des conventions, conjuguant l’injonction à la robe de soirée sur un mode glamour effronté.
Se rendant à la projection du documentaire Unzipped, la star hollywoodienne aurait ouvert son jupon face aux paparazzis au détour d’un geste spontané et inattendu. On imagine qu’ils s’en souviennent encore.
Festival de Cannes 1997 – La culotte de Victoria Abril
Se faire remarquer à Cannes à grands renforts de tenues absurdes, provocatrices et extravagantes ? C’est la spécialité de Victoria Abril, l’actrice espagnole et muse de du réalisateur Pedro Almodovar n’hésitant pas à repousser les limites du bon goût et de la dignité pour s’assurer des apparitions remarquées.
Top tout en transparence, robe parapluie aux allures de déguisement, redingote baroque, robe toge de couleur mandarine : elle est en fait toujours plus. Mais c’est en 1997 qu’elle rompt résolument avec les exigences stylistiques du festival de Cannes en portant un blazer d’homme… sans pantalon.
Ouverte dans le dos, la veste cintrée dévoile sur son passage une grande culotte blanche revêtue d’un string orange qu’elle exhibera presque avec fierté, le tout accessoirisé d’une paire de talons et d’un chapeau noir façon cabaret. Tout un look !
Festival de Cannes 2002 – La robe filet de pêche de Cameron Diaz
Temple supposé du raffinement, le Festival de Cannes a toutefois aussi connu les affres stylistiques des années 2000, certaines célébrités n’hésitent pas alors à épouser le mauvais goût ambiant avec plus ou moins de subtilité.
Preuve emblématique ? La robe filet de pêche portée par Cameron Diaz en 2002 pour assister à la projection de Gangs of New York de Martin Scorsese.
Décolleté asymétrique, transparence à peine voilée et tissu scintillant façon Britney Spears : la silhouette s’extirpe résolument des codes couture du Festival pour s’imprégner des tendances du moment
Festival de Cannes 2005 – Le sein droit de Sophie Marceau
Que serait le Festival de Cannes sans son fameux nipplegate ? Nous sommes en 2005 et Sophie Marceau, ex-ado chérie de la République, s’apprête à assister à la projection de La Vérité Nue d’Atom Egoyan.
Alors qu’elle pose avec aisance et décontraction devant les flashs des photographes, la bretelle de sa robe glisse soudain malencontreusement le long de son épaule et laisse son sein droit se dérober aux yeux de tous…. puis se faire immortaliser par les médias du monde entier. Culte.
Dix ans plus tard, l’actrice se fera remarquer au détour d’une jupe (trop) fendue, dévoilant ses sous-vêtements de couleur chaire, et d’une veste (trop) décolleté donnant à voir l’un de ses tétons. Accidents de parcours ou coups de com’ maîtrisés ? On vous laisse seul.e.s juges.
Festival de Cannes 2016 – Le no-shoes de Julia Roberts
Ce n’est qu’en 2016 que Julia Roberts foule les marches du Palais du Festival pour la première fois. Et quelle montée ! Bien qu’elle descende de sa voiture chaussée d’escarpins, l’interprète d’Erin Brokovich n’hésitera pas à jouer de nouveau les femmes rebelles en ôtant ses talons et en traversant le tapis carmin nu-pieds.
Un clin d’œil à la polémique qui avait bousculé la Croisette l’année précédente, un groupe de femmes venu assister à la projection du film Carol de Todd Haynes s’étant vu refuser l’accès pour non-port de talons.
De quoi alors échauffer de nombreuses personnalités dont Julia Roberts qui visiblement a tenu à faire les pieds au protocole.
Festival de Cannes 2016 – La robe (très) fendue de Bella Hadid
Quand elle s’apprête à monter les marches pour se rendre à la projection du film La Fille Inconnue des frères Dardenne, Bella Hadid, même pas 20 ans, vaguement mannequin, l’est presque tout autant.
Mais c’était sans compter la sulfureuse robe que lui fera porter le créateur belge Alexandre Vauthier, dont le design couple rouge incandescent, décolleté vertigineux graphique et fente ultra-haute qui laisse deviner l’intimité celle qui ose la porter.
Si l’on peut questionner sa conformité à la fameuse mention « tenue correcte exigée », il nous semble inutile de préciser qu’en quelques heures, Bella Hadid était sortie de la confidentialité pour devenir ni plus ni moins la femme la plus sexy de la planète. Une star était née.
Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.
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