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Akillis, la marque créée par la joaillière Caroline Gaspard, est reconnue depuis près de vingt ans pour ses bijoux sensuels et unisexes. Des éléments graphiques et des formes nettes caractérisent ses créations, qui forment ensemble un univers unique. Marie Claire a eu le privilège de découvrir les coulisses de sa création.
Peu de marques de bijoux possèdent une signature aussi reconnaissable qu’Akillis. Au cours des dernières décennies, cette signature a donné naissance à plusieurs créations iconiques qui ont valu à la marque une renommée internationale. Pensons à « Puzzle », où deux pièces de puzzle s’assemblent pour créer une nouvelle interprétation du bijou « toi et moi ». Mais aussi à « Bang Bang », un bracelet flexible orné d’une balle ; « Capture Me », qui évoque un piège aux dents acérées ; et la croix « Python »… ou est-ce un poignard ?
Bijoux de pouvoir
Les créations dégagent une certaine masculinité, voire une certaine agressivité au premier abord. Mais en discutant avec la directrice générale, Stéphanie Manon, on comprend que l’idée n’est pas l’attaque, mais la protection. « Lorsque Caroline Gaspard a créé Bang Bang, elle avait besoin d’un talisman pour se donner la force de bâtir cette marque à partir de rien. Elle-même est à la fois très féminine et sportive, avec une touche garçon manqué. Les bijoux qu’elle crée agissent comme une armure. C’est en quelque sorte une forme de “power dressing” transposée en bijoux, ou des “bijoux de pouvoir” », explique Manon.
Prenons l’exemple de « Python » : pour beaucoup, c’est un symbole fort. Il inspire sans être provocateur. Son pouvoir d’émerveillement réside dans l’essence même de sa conception. Cette verticalité est l’un des codes de la maison, tout comme son absence de genre. Ces dernières années, cependant, nous avons intégré davantage de sensualité et de féminité dans nos créations, une facette de Caroline qu’elle assume de plus en plus.
Le studio Akillis à Barcelone
« Caroline travaille de façon très minimaliste, mais avec des irrégularités qui rendent la création des pièces complexe », conclut Manon. Afin d’élever ces créations au plus haut niveau, Akillis collabore depuis plus de dix ans avec une entreprise familiale espagnole dirigée par Carlos et son fils Albert. Les portes blindées de l’atelier restent généralement fermées à clé, mais Marie Claire a bénéficié d’un accès exceptionnel aux coulisses et a pu observer de près le processus de production.
« Notre studio a été fondé en 1888 par mon arrière-grand-père », explique Carlos. « Nous avons beaucoup perdu pendant la guerre civile espagnole ; le studio a même brûlé. Mais regardez, nous sommes toujours là. Je suis la quatrième génération et mon fils Albert la cinquième. C’est significatif, non ? »

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Barcelone était autrefois l’épicentre de l’industrie joaillière. Du temps de mon père, la ville comptait de nombreux ateliers. Malheureusement, les générations suivantes ne perpétuent pas toujours cette tradition. Il existe encore des artisans, mais ils ont de plus en plus de mal à être compétitifs à l’international .
Trouver l’équilibre entre tradition et innovation
L’atelier doit s’adapter à son époque, ce qui implique de trouver un équilibre entre savoir-faire traditionnel et innovations. Cette approche semble porter ses fruits : en intégrant des technologies de pointe à ses racines horlogères et aérospatiales, l’atelier assure sa pérennité.
Découpe laser, fraisage numérique et traitements de surface raffinés ne sont que quelques-unes des prouesses technologiques mises en œuvre dans le processus de création des bijoux Akillis, notamment les pièces en titane. Celles-ci sont découpées au laser dans une large plaque de titane. Pour les créations pavées, comme les collections « Puzzle » et « Python », le même laser crée des centaines de minuscules trous dans lesquels les diamants sont ensuite sertis — un processus de précision que seul un savoir-faire expert peut garantir.

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L’atelier expérimente également de nouvelles technologies de fonte d’or. Tout d’abord, le bijou est imprimé en cire grâce à une imprimante 3D. Ce modèle sert de base à un moule en plâtre : à la cuisson, la cire fond, laissant apparaître la forme du bijou, et l’or peut y être coulé. Le métal, noirci à la sortie du moule, est ensuite nettoyé à l’acide.
Le véritable travail artisanal commence alors : un artisan qualifié lime la pièce jusqu’à ce que chaque bord soit parfaitement lisse, la cintre si nécessaire et soude soigneusement les différentes parties. Vient ensuite le sablage, avec une finition brillante ou mate selon le résultat souhaité. Enfin, un bain de rhodium confère à la pièce sa couleur et son éclat définitifs.
Si les bijoux Akillis respirent la qualité et le savoir-faire, l’expertise déployée pour chaque pièce n’est pas immédiatement perceptible. Tout au long du processus, technologies de pointe et artisanat méticuleux s’entremêlent, laissant – à l’instar du résultat final – une impression indélébile.
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