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- Pouvez-vous vous présenter et expliquer brièvement votre parcours avant la création de votre entreprise ?
Au cœur de mon travail se retrouvent mes passions pour l’international, l’entreprenariat et les solutions environnementales. Des masters en Environnement ainsi qu’en Commerce International complètent ma formation initiale d’ingénieure de gestion à la Louvain School of Management.
C’est dans ce contexte que j’ai effectué à la sortie de mes études un stage chez A.M.B, atelier actif dans la sous-traitance en mécanique & chaudronnerie et qui entamait une reconversion dans un secteur particulier, celui de la production d’un procédé de traitement des déchets hospitaliers.
Le monde industriel, qui m’était de base inconnu, m’a tout de suite passionné, de même que le développement de cette petite structure, alors principalement composée du corps ouvrier, dans une niche à la croisée de l’environnement et de la santé.
J’y ai créé, avec mes collègues Philippe et Olivier Dufrasne, le département commercial et sillonné le monde pendant 6 ans afin de faire connaître et reconnaître la technologie Ecosteryl que nous mettions au point.
Durant cette période, j’ai également affiné mes connaissances sur les mécanismes de finance internationale, élément décisif pour faire la différence lors de la conclusion de deals. En effet, le seul fait d’être une solution plus durable, souvent, ne suffit malheureusement pas. Il faut également s’entourer et développer un réseau important avec les banques, les assureurs-crédits, les agences de soutiens aux entrepreneurs et exportateurs.
Forte de cette expérience et de la connaissance des besoins du marché, j’ai pris la direction des départements techniques de l’entreprise (Recherche et Innovation, SAV, Production) et en ai supervisé les Achats. Période challengeante et très riche pour la non-technicienne que je suis. Je viens aujourd’hui en support à l’ensemble des départements de l’entreprise.
Les reconnaissances internationales reçues (Nations-Unies, OMS, Banque Mondiale, Fondation Solar Impulse,…) qui attestent de notre position de référent sur le marché sont les plus belles récompenses de l’énergie investie par toutes les équipes !
À côté de cela je suis également une maman comblée de 3 enfants de 7 ans, 4 ans et 2 mois.
- En quoi consiste votre entreprise ? Quel est son but et quel est votre rôle au sein de celle-ci ?
Les déchets médicaux sont reconnus au niveau international comme l’un des principaux vecteurs de transmission de maladies. Notre mission est d’éradiquer les problèmes de santé liés à ce type de transmissions via les déchets, et de le faire de manière écologique.
Pour ce faire, Ecosteryl conçoit, fabrique et exporte à travers le monde des machines de traitement et de recyclage des déchets médicaux.
Ces machines industrielles de 12 mètres de long et 5 mètres de large décontaminent les déchets infectieux en les broyant et en les maintenant à une haute température. Cette technologie n’utilise pas d’eau et ne rejette aucune émission. Une machine qui ne fonctionne qu’à l’électricité.
Ces solutions sont ainsi proposées à différentes catégories de clients : prestataires de services (entreprises qui collectent les déchets médicaux au sein des structures hospitalières et qui ont leur propre plateforme de traitement), Ministères de l’Environnement ou de la Santé, en particulier dans les pays émergents et bien évidemment, les hôpitaux.
Mon rôle est de donner le cap, d’être en support des équipes afin d’atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés tout en veillant à ce que cela se passe dans une ambiance familiale et dans le respect des valeurs de l’entreprise (innovation, durabilité, proximité, responsabilité).
- Qu’avez-vous mis en place pour réinventer les traditions et faire évoluer le marché existant ?
Positionnement unique de l’entreprise dans son secteur : seule solution écologique qui permette un traitement et un recyclage des déchets hospitaliers à coût acceptable. Reconnaissance au niveau international de ce positionnement (ex : Fondation Solar impulse – 1000+ solutions efficientes et rentables pour protéger l’environnement) impliquant un shift des mentalités sur ce sujet et sur le marché du traitement des déchets médicaux en général.
Reconnaissance au niveau wallon puis belge de l’entreprise (contacts avec ministères, Awex, participations aux missions à l’étranger, présentations, networking, etc.)
En interne et en concertation avec les équipes : travail important de définition de la mission, de la vision et des valeurs de l’entreprise. De même, organisation des départements en ‘bulles autonomes dans leurs décisions’
Digitalisation de l’entreprise : mise en place de nouveaux outils tant au niveau techniques (ERP), commerciaux (CRM) ou communication (réseaux sociaux)
Grande attention portée sur l’innovation (création de nouvelles machines) et brevets y afférent.
- Que signifie pour vous être une « BoldWoman » dans le monde du travail ?
Probablement, avant tout, montrer à la génération de mes filles, au quotidien, que l’on peut mener une vie professionnelle et privée épanouie.
Les encourager à chercher et découvrir leurs talents mais aussi leurs valeurs afin de trouver un projet ou une entreprise qui sera en adéquation et qui puisse les passionner. Car finalement, lorsqu’on est passionné, développement personnel ou carrière deviennent souvent une évidence.
À échelle plus large, je pense que nous manquons cruellement de role models. En particulier dans le monde des affaires (seulement 8% de femmes dirigeantes dans le classement annuel Fortune 500 qui recense les 500 plus grosses entreprises au niveau mondial). En particulier en Belgique (le Belge est connu pour son humilité). En particulier en Wallonie (qui souffre d’une image d’elle-même encore trop négative).
Nous manquons cruellement de « role models » dans le monde des affaires
Les démarches telles que les « Bold Women » sont indispensables pour faire changer ces tendances et inciter les femmes à lancer leurs projets ou oser s’affirmer afin de prendre des responsabilités plus globales dans les entreprises.
Je suis demandeuse et heureuse de pouvoir mettre ma pierre à l’édifice dans cette direction. En reconnaissance également à celles et ceux qui m’ont inspiré(e)s et entouré(e)s.
Plus concrètement, mon expérience et mon histoire m’ont permis de faire certains constats que je combats/soutiens au quotidien.
Parmi ceux-ci, l’importance :
- Du réseautage : complètement sous-estimée par les femmes.
- D’être attentives aux opportunités qui se présentent et de les saisir rapidement. Bien souvent, la routine l’emporte ou trop de réflexions font qu’une opportunité passe sans que les femmes n’aient pu y accorder l’importance (ou la ‘folie’) nécessaire.
- De ‘Faire et de Faire Savoir’
- De savoir dire ‘Non’
- D’inciter les jeunes filles à aller vers des secteurs jugés aujourd’hui encore comme ‘hors des sentiers battus’. Je pense au monde industriel, aux métier STEM, à l’export ou même aux les postes de direction en général.
- De l’humour, qui permet bien souvent de s’imposer sans frictions.
- De l’organisation familiale.
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