La première fois que je l’ai interviewé, c’était dans un hôtel bruxellois. Il a sorti d’une boîte une série de photos noir et blanc qui représentaient des femmes très belles, extraordinairement sexy. Il était passionné par la beauté et par le trouble qu’elle fait naître. Christophe parlait d’une voix douce et en même temps pleine de vie. Il aimait la musique, le cinéma, les bagnoles qu’il ne conduisait plus et la dolce vita qu’il avait menée avec maestria.
La dernière fois que je l’ai interviewé, c’était chez lui à Paris. Pour l’album magique, « Les Vestiges du Chaos ». Le rendez-vous était prévu à 17 heures. Mais il n’avait pas entendu son réveil, ni l’alarme du téléphone. Après avoir poireauté devant l’immeuble, j’ai pu entrer à 19h30. J’étais la première journaliste de sa soirée. Dans cet appartement, il n’y avait pas de place pour le vide. J’ai regardé les juke-box, le studio d’enregistrement où il travaillait toutes les nuits, les tableaux, encore des photos. Et sur la table, un jeu de cartes qui montrait une réussite inachevée.
Je lui ai dit : « Vous savez que vous êtes voisin avec Marianne Faithfull ? ». Il m’a répondu : « Oui, je sais mais on ne s’est jamais croisés. » L’appartement de Marianne Faithfull se trouve sur le même boulevard, juste un peu plus loin. Christophe, l’oiseau de nuit, en été se transformait en oiseau marin. Son voilier de quinze mètres était ancré à Port Grimaud. Et s’il n’y était pas, c’est qu’il se trouvait à Tanger.
Ce jour-là, Christophe m’a donné l’envie de découvrir Tanger. Et de revoir la grande bleue. «Les Vestiges du Chaos», l’album sorti au printemps 2016, est conçu comme un film sonore. Et merveilleusement introduit par cette phrase : «Je suis le plus embrasé que la Terre ait porté ». Merci Christophe de m’avoir permis de vous connaître et de vous aimer. Vous êtes maintenant au paradis retrouvé.