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Souvent confondue avec le sentiment amoureux, la dépendance affective est un « comportement inconscient qui consiste à chercher l’amour, la confiance en soi et l’estime de soi à l’extérieur de soi”, définit la thérapeute Olivia Ryckaert au HuffPost.
Une addiction à l’autre et à son attention qui instaure la sensation que “je ne peux pas vivre sans l’autre”, ajoute de son côté la psychologue Camille Rochet.
Une servitude à l’amour des autres qui remonte généralement à notre enfance : “cela vient d’une carence affective, liée à une angoisse d’abandon, qu’elle ait été réelle ou simplement vécue comme telle. C’est la définition même des traumatismes : c’est la façon dont j’ai vécu des événements. C’est une interprétation”, détaille Camille Rochet.
Mais alors, comment la reconnaître et surtout s’en défaire ?
Les racines de la dépendance affective : entre manque de confiance et besoin d’approbation
Il est normal de vouloir se sentir connecté aux autres. Ainsi, nous sommes tous, à des niveaux différents, naturellement dépendants des autres.
Mais cet asservissement amoureux se voit souvent aggravé par la relation de couple qui installe, plus que toute autre relation, une vulnérabilité. Néanmoins, “ce n’est qu’à partir d’un certain degré que cela devient une souffrance pour soi et son partenaire”, alerte la thérapeute Olivia Ryckaert. Mais quels sont les signes d’une telle dépendance ?
Concrètement, “dès que l’autre veut faire quelque chose sans moi, je me sens rejetée, abandonnée. Ensuite, il y a un réel manque de confiance en soi et la personne n’arrive pas à s’occuper seule. Ainsi, elle n’a pas beaucoup d’amis, pas de hobbies, pas de choses à faire seule. Et ce besoin de l’approbation de l’autre dans la prise de décision. C’est comme une forme d’immaturité, à l’image d’un enfant qui a besoin d’avoir toujours une béquille derrière lui”, précise Camille Rochet.
Autres signes : les obsessions. « On est envahi par des ruminations, des attentes. Il y a aussi une forte croyance du manque d’amour, une volonté d’être privilégiée, un besoin d’attention et un oubli de soi. Ainsi, je ne prends pas de plaisir autrement que par ma relation. Ma connexion à l’autre est ma plus grande ressource. Pour finir, il y a une dépréciation de soi, qui peut être déjà présente mais accentuée par le couple », détaille de son côté Véronique Kohn, psychologue et psychothérapeute.
Quand la dépendance affective use le couple
Alors qu’il peut sembler flatteur de sentir que l’autre nous prend constamment en considération, la situation devient rapidement épuisante psychiquement pour les partenaires : “au départ d’une relation, tout est beau, tout est rose, les amoureux ont sans cesse envie d’être ensemble, c’est ce qu’on appelle la phase ‘lune de miel’”, précise l’experte au HuffPost.
Mais à un moment, “le contre dépendant va vouloir se ‘défusionner’, indépendamment de l’autre, ne pas exister seulement en tant que couple”, explique Camille Rochet.
Une situation que va très mal vivre le dépendant, qui va interpréter chaque signe comme une attaque contre lui. Et “à force, ce comportement finit forcément par générer des tensions et à user le partenaire”, déplore Olivia Ryckaert. Et il instaure inconsciemment une toxicité dans la relation, porté par le sentiment qu’on ne peut littéralement pas vivre l’un sans l’autre.
Une dépendance que Véronique Kohn assimile à « la posture du mendiant de l’amour ». Car « on peut prendre seulement trois miettes que l’autre nous donne. Et celui qui a à faire au mendiant voudra l’utiliser comme une réponse à ses propres besoins. Mais d’un autre côté, il aura envie de le repousser car il est dans une avidité de la relation, il n’y a pas d’égalité, pas d’autonomie. Un mendiant n’est pas rayonnant », déplore l’autrice de Quand la peur de perdre l’autre… me le fait perdre ! (Tchou, 2022).
Conscientiser sa situation et se recentrer sur soi
Pour se libérer de cette dépendance, il est nécessaire de conscientiser son état. De mettre des mots sur cette carence d’amour et ce besoin excessif de l’autre : “je dois d’abord comprendre que ma dépendance ne se guérira pas par mon couple. Que mon conjoint n’est pas responsable de mes états émotionnels. Et je dois comprendre d’où vient cette angoisse d’abandon, ce qui est bloqué pour donner de la liberté à ma construction affective”, recommande Camille Rochet.
De son côté, Olivia Ryckaert suggère de se reconnecter à soi, d’apprécier sa propre compagnie et d’embrasser la solitude : “peu importe [le moyen] du moment que vous tourniez la caméra sur vous afin de ressentir et d’accueillir cette insécurité”. Autre possibilité : “se faire des amis, avoir des hobbies, enrichir d’autres sphères de sa vie pour que son équilibre affectif ne dépende plus uniquement du conjoint”, conclut Camille Rochet.
Mais alors que les injections sociales au couple romantique, au mariage, à la parentalité aggravent cette dépendance affective, notamment chez les femmes, il est essentiel de se libérer de ces diktats : « être avec quelqu’un prend de l’énergie. Il faut se dire que je peux faire aussi sans le couple. Il ne faut pas se priver d’être avec quelqu’un, seulement ne plus le rendre indispensable. Il n’est pas au centre de ma vie. Je suis moi au centre », termine Véronique Kohn.
Source : Marie Claire France.
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