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Reconnaître une peau sensible ou sensibilisée est primordial car entre ces deux états cutanés, les causes, les besoins et les gestes à adopter sont radicalement différents.
Dans l’univers foisonnant du skincare, la peau sensible est un sujet aussi ancien que délicat. On a vite fait de se déclarer « peau sensible » au moindre signe d’irritation ou de rougeur. Et comment ne pas y croire, quand les réseaux sociaux débordent de conseils beauté non sollicités ? Le problème, c’est que ces recommandations mal ciblées nous éloignent souvent d’un vrai diagnostic.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 60 à 70 % des femmes affirment avoir la peau sensible. Mais si ce n’était pas tout à fait le bon terme ? Et si votre peau était en réalité… sensibilisée ? Oui, ça change tout.
Parce que non, avoir la peau réactive ne signifie pas forcément qu’on a la peau sensible. Ce que vous ressentez pourrait relever d’un tout autre phénomène, plus temporaire, plus contextuel, et qui appelle une routine totalement différente.
Peau sensible et peau sensibilisée : deux expressions similaires, certes, mais qui cachent des réalités bien distinctes. Causes, besoins, soins… tout diffère. Alors, comment savoir ce que votre peau essaie vraiment de vous dire ?
Pour y voir plus clair, nous avons fait appel à des dermatologues de renom afin de démêler le vrai du faux et de passer en revue les gestes à adopter (et ceux à éviter) pour composer une routine soin vraiment alignée avec les besoins réels de votre peau.
Peau sensible vs peau sensibilisée : comment faire la différence ?
« La confusion entre peau sensible et peau sensibilisée est extrêmement fréquente. Je la rencontre presque chaque jour en consultation », confie la Dre Bibi Ghalaie, médecin esthétique et fondatrice de la Doctor Bibi Clinic. « Pourtant, distinguer les deux est essentiel, car cela conditionne totalement l’approche du traitement et du parcours skincare. »
Et pour cause : adopter une routine inadaptée peut fragiliser davantage la barrière cutanée. D’où l’importance d’un diagnostic précis. La Dre Maryam Zamani, chirurgienne oculoplastique, experte en esthétique du visage et fondatrice de MZ Skin, insiste : « La peau sensible nécessite des soins doux et réguliers pour éviter toute réaction. À l’inverse, la peau sensibilisée demande d’identifier et d’éliminer les facteurs irritants externes qui provoquent cette réactivité. »
Elle ajoute que, contrairement à une peau naturellement sensible, une peau sensibilisée implique des mesures préventives, comme « des ajustements dans le mode de vie ou l’utilisation de certains produits, afin de restaurer la fonction barrière de la peau. »
Peaux sensible et sensibilisée : des symptômes qui se ressemblent
À première vue, la peau sensible et la peau sensibilisée peuvent sembler identiques. Et pour cause : les signes cliniques se chevauchent souvent. « Tiraillements, inflammations, démangeaisons, sensations de brûlure, rougeurs, déshydratation et irritation font partie des symptômes communs », explique la Dre Alexis Granite, dermatologue certifiée et fondatrice de Joonbyrd.
Autre point commun : un aspect visuel plus fragile. « La peau paraît plus fine, et l’on peut observer des vaisseaux sanguins dilatés ou des capillaires apparents, plus visibles car proches de la surface cutanée », ajoute Nadia Aminian, esthéticienne senior à la Taktouk Clinic.
La Dre Granite précise également que les deux types de peau ont tendance à réagir aux changements de saison, en particulier lors des périodes froides et sèches. « La peau peut alors sembler plus sèche, la texture devenir irrégulière, et dans certains cas, des signes d’hyperpigmentation peuvent accompagner les rougeurs. »
Comment savoir si vous avez réellement la peau sensible ?
Selon la Dre Alexis Granite, il est essentiel de garder à l’esprit qu’une peau sensibilisée est une condition passagère, tandis que la peau sensible est un type de peau à part entière, généralement d’origine génétique. « Les personnes à peau sensible rapportent souvent que leurs symptômes ont commencé dès l’enfance », précise-t-elle. Tandis qu’une peau sensibilisée peut souvent être rééquilibrée grâce à une routine minimaliste, les deux nécessitent une bonne connaissance des facteurs déclenchants, qui varient d’une personne à l’autre.
Pour savoir si vous avez une vraie peau sensible, la Dre Maryam Zamani recommande d’abord d’examiner votre terrain génétique : avez-vous été diagnostiqué(e) avec une affection héréditaire comme la rosacée, l’eczéma ou des allergies ? Est-ce une tendance fréquente dans votre famille ? Autant d’indices à ne pas négliger.
Autre point clé : l’ancienneté et la régularité des symptômes. Rougeurs persistantes, démangeaisons, sécheresse et inconfort cutané présents depuis toujours sont de vrais indicateurs. Pensez aussi à la façon dont votre peau a toujours réagi face aux agressions extérieures : vent, cosmétiques, exposition au soleil, changements de température… Si votre peau semble avoir toujours été “à fleur de peau”, la piste d’une sensibilité génétique est forte.
Comment savoir si vous avez la peau sensibilisée ?
Contrairement à la peau sensible, la peau sensibilisée n’est pas un type de peau, mais une réaction ponctuelle, provoquée par des agressions extérieures. « C’est une condition acquise, qui résulte d’un affaiblissement de la barrière cutanée, et qui peut toucher tous les types de peau », explique la Dre Maryam Zamani.
En pratique, les personnes à peau sensibilisée présentent des rougeurs, des irritations ou de l’inconfort de façon plus ponctuelle que celles ayant une peau sensible de nature. Pour savoir si vous êtes concerné(e), retracez votre parcours skincare et demandez-vous si certains éléments déclencheurs ont pu perturber l’équilibre de votre peau. D’après la Dre Zamani, il peut s’agir de produits trop agressifs, d’un excès d’exfoliation, de la pollution, ou encore d’une météo extrême.
Autre précision utile : la peau sensibilisée ne survient jamais “sans raison”, mais se développe progressivement, à mesure que la barrière cutanée s’altère. Et ce phénomène tend à s’accentuer avec l’âge. « En vieillissant, la peau devient naturellement plus sensible et plus sujette à la sensibilisation », ajoute la spécialiste. En cause ? Un affaiblissement de l’épiderme, une baisse de production de sébum, et une diminution du collagène et de l’élastine.
Ce qui déclenche une peau sensible… ou la sensibilise
La peau sensibilisée est, dans la majorité des cas, une réponse à une surexposition à des agents irritants. « Très souvent, ce sont les choix en matière de soins qui sont en cause », explique la Dre Bibi Ghalaie. « Les coupables typiques ? Les acides topiques comme les AHA et BHA, ainsi que les autres exfoliants. »
Mais d’autres facteurs peuvent affaiblir la barrière cutanée : des nettoyants trop décapants qui retirent le film hydrolipidique, des lavages trop fréquents ou avec de l’eau trop chaude, voire une mauvaise introduction des rétinoïdes dans la routine. En somme, posez-vous les bonnes questions : utilisez-vous trop de produits ? Trop d’actifs puissants à la fois ? Changez-vous de routine trop souvent ? Ce cocktail peut suffire à faire perdre les pédales à votre peau.
Mais attention : peau sensible et peau sensibilisée, bien que différentes à l’origine, peuvent partager certains déclencheurs. Parmi eux : les rayons UV, le vent, le froid, les changements brutaux de température ou encore la pollution. « Tous ces éléments fragilisent la peau en altérant sa barrière naturelle et en favorisant la perte en eau », précise la Dre Ghalaie. À cela s’ajoutent la chaleur et l’humidité, qui peuvent intensifier les réactions inflammatoires et sensibiliser davantage l’épiderme.
Peau sensible ou peau sensibilisée : comment bien construire sa routine ?
Bonne nouvelle : que votre peau soit naturellement sensible ou qu’elle soit devenue sensibilisée par des agressions extérieures, les deux ont besoin des mêmes fondamentaux : des ingrédients apaisants et hydratants, tels que la centella asiatica, la niacinamide (vitamine B3), l’acide hyaluronique, les céramides, l’allantoïne ou encore le squalane. Mais pour maximiser les effets, chaque cas appelle une stratégie bien ciblée.
Peau sensible : miser sur la constance et la douceur
Héréditaire, la peau sensible ne se « soigne » pas vraiment, mais on peut atténuer durablement ses symptômes avec une routine bien pensée. « Pour réparer la barrière cutanée et renforcer l’hydratation, les céramides, l’acide hyaluronique, la glycérine et le panthénol sont de vrais alliés », précise la Dre Ghalaie. Côté apaisement, misez sur l’aloe vera, la farine de flocons d’avoine (colloidal oatmeal), la niacinamide et l’allantoïne. Et pour protéger votre peau des agressions extérieures, les antioxydants comme la vitamine E et une bonne protection solaire minérale sont essentiels.
Peau sensibilisée : réparer en douceur et identifier les coupables
Puisque la peau sensibilisée résulte d’un affaiblissement progressif de la barrière cutanée, le nerf de la guerre, c’est la prévention. Premier réflexe : éliminer les sources du problème. « L’essentiel est d’identifier ce qui fragilise la barrière (produits trop agressifs, exfoliations fréquentes, actifs mal dosés…), puis de revenir à une routine minimaliste, réparatrice et tolérante », souligne la Dre Ghalaie. On bannit les soins contenant parfums, alcool ou agents irritants, on adopte le réflexe patch test, et on réintroduit les bons ingrédients… au compte-goutte. Mention spéciale à la centella asiatica, au thé vert (aux vertus anti-inflammatoires et antioxydantes), et au squalane, parfait pour réhydrater sans alourdir.
Cet article a initialement été publié sur Marie Claire Uk.
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