La mode hongkongaise à la Fashion Week de Paris avec Adrien Gras
© Cédric Odet

La mode hongkongaise à la Fashion Week de Paris avec Adrien Gras

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La Fashion Farm Foundation est un organisme qui vise à promouvoir les jeunes marques hongkongaises. Nous avons rencontré Adrien Gras, styliste français basé à Anvers, chargé de la direction artistique des trois défilés présentés lors de la Fashion Week de Paris.

Peux-tu te présenter ?

J’ai 32 ans, je suis fashion editor. J’ai décidé d’utiliser l’appellation fashion editor car au-delà du stylisme, qui reste mon principal métier, j’aime penser à l’image en général, la direction d’un shooting ou d’une collection. Je fais aussi de la consultance pour des marques et aide à développer quelques mannequins avec l’agence IMM. J’aime toucher un peu à tout !

Ton expérience ?

J’ai commencé ma carrière dans un magazine, le Vif Weekend et son pendant flamand le Knack. J’ai pu grâce à ces magazines créer un portfolio qui m’a aidé à grandir dans le milieu, le Weekend Knack ayant une très bonne réputation internationalement. Cela m’a permis de rencontrer beaucoup de gens de la presse en Belgique et ainsi travailler pour d’autres publications et faire connaître mon travail dans d’autres pays. De fil en aiguille tout cela m’a amené à faire mes premiers shows cette saison.

Parle-nous de ce show, organisé par la FFF.

Le gouvernement de Hong Kong envoie chaque saison, depuis 2 ans maintenant, le fleuron de la mode hongkongaise. J’ai eu la chance cette année d’être sélectionné pour faire le stylisme des shows des trois marques présentées cette saison. La première s’appelle Id (@id_ism_), une histoire très intellectuelle, inspirée d’une oeuvre de Wang Renzheng sur la pollution à Beijing. Le résultat est un travail incroyablement poétique sur la soie et le layering en transparence. Pour ce show, j’ai créé les bijoux qui ont servi à accessoiriser les looks, une première pour moi !

Le deuxième défilé présentait Cynthia & Xiao (@cynthiaandxiao). La marque est née d’une collaboration entre deux créatrices originaires de Hong Kong, basées à Beijing, mais qui se sont rencontrées à Londres. Une collection sporty, pleine de bonne humeur. Pour cette marque, j’ai voulu un casting un peu plus commercial. Des filles jolies, presque kawaii, qui correspondait parfaitement à l’univers de la marque.

J’ai choisi de fermer cette saison avec Kenaxleung (@kenaxleunghk), qui contrairement aux deux autres marques, présentait une collection pour la première fois à Paris. Un débutant, certes, mais bourré de talent. Il a choisi de proposer une garde robe mixte, en travaillant le denim, le oversize, ou encore la déconstruction. Ses pièces avaient d’ailleurs défilé quelques semaines auparavant sur des hommes, une approche très moderne qui m’a séduit immédiatement. Ce fut vraiment une expérience exceptionnelle et intéressante car ce sont trois univers très différents.

 

Y a-t’il un style hongkongais, une esthétique commune ?

Pour moi, non. Ces créateurs ont des univers très différents. Mais les asiatiques ont souvent une approche de la mode assez avant-gardiste. Ils osent prendre des risques, et ils ont aussi ce physique qui permet de prendre des risques. Pour le défilé, j’ai reçu des influences des créateurs. Il s’agissait surtout de ce qu’ils ne voulaient pas.

Quels sont tes critères pour choisir les mannequins ?

Notre directrice de casting, Emilie Le Goff, a reçu environ 350 filles pour ce show pour 31 sélectionnées. En fin de journée, j’ai donné mes préférences par rapport à la sélection qu’elle m’a proposée. L’idée c’est d’avoir un line-up assez cohérent. J’ai ensuite réparti les mannequins sélectionnées en fonction de la direction vers laquelle les designers et moi souhaitions orienter chaque collection.

As-tu des critères précis de sélection ?

Pour cette série de défilés, nous avions des contraintes de cheveux (longs, franges, texturés). À part ça, nous sélectionnerons en fonction de nos préférences personnelles. Moi j’aime les filles qui ont de belles jambes. La minceur ne me dérange pas personnellement mais n’est pas un critère de sélection. Je suis anti body shaming, quel qu’il soit. Je suis donc ouvert à plusieurs types de physiques. Bien évidemment il faut avoir de l’attitude, une gueule, un petit plus. Un je ne sais quoi dans le regard est également primordial vu que cela se jouera sur une seule photo prise sur place. Il faut avoir ce petit truc en plus !

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux femmes pour avoir du style, ne pas être trop banale ?

Il faut rester soi-même. Regarder un peu à droite et à gauche, des gens qui nous inspirent et des gens qui peut-être aussi nous ressemblent car parfois le plus difficile c’est d’habiller sa morphologie. A part ça, on évite évidemment de ressembler à un sapin de Noël. Une pièce originale sur la tenue c’est bien. Tout est dans la subtilité ! Comme disait Coco Chanel « Avant de sortir, jetez un dernier coup d’oeil dans le miroir et enlevez un accessoire ». Le truc c’est d’en mettre plein avant comme ça il en restera quelques uns quand même (rires).

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Marguerite Durant Voir ses articles >

La mode est fascinante ! C’est le miroir de notre société, de notre présent. Passionnée de violoncelle aussi… et de musique électronique.

Tags: Créateurs, Fashion week, Hong Kong Fashion, Paris.