5 parfumeurs et leur nouvelle création: Anne Flipo à propos de Tubéreuse Hédonie de Roger & Gallet
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5 parfumeurs et leur nouvelle création: Anne Flipo à propos de Tubéreuse Hédonie de Roger & Gallet

Par Laura de Coninck  & Belen Ucros
Temps de lecture: 3 min

La mission d'Anne Flipo? Insuffler une nouvelle vie à l'eau de Cologne Roger & Gallet de nos grands-mères. Le résultat? Une senteur qui aborde la fraîcheur revigorante d'antan dans un esprit contemporain.

Comment avez-vous élaboré l’idée d’une eau de Cologne moderne pour Roger & Gallet?

« J’ai opté pour un travail autour de la tubéreuse, une fleur aux multiples facettes. Elle est chaleureuse et sensuelle, tout en présentant de la fraîcheur et de la vivacité. C’était surtout cette fraîcheur que je cherchais à mettre en valeur dans mon parfum. J’ai donc fait développer ma propre base de tubéreuse, où n’étaient conservées que ces propriétés-là. Des notes vertes, du jasmin et du bois synthétiques sont venus renforcer cette candeur. On dénote également des notes de bergamote, baies rouges, agrumes, hespérides, fleurs blanches et …  céleri! Ce dernier donne au parfum une touche personnelle et unique. J’ai opté pour une overdose d’ingrédients naturels. Nous avons misé sur une qualité authentique. »

D’où vient votre inspiration en tant que parfumeur?

« De partout! Les voyages, les gens, les parfums, … Cette fois, c’est un voyage en Inde. J’y ai visité un marché de fleurs où flottait la senteur de kilos de tubéreuses fraîchement coupées. Cette odeur fraîche, crémeuse et sexy qui venait à moi… un délice! Et c’était parti. »

Quels sont vos ingrédients fétiches?

« Mon ingrédient préféré est la fleur d’oranger. Elle est complexe, sexy et convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Ce n’est pas pour ça qu’elle est présente dans tous mes parfums. Par exemple dans cette eau de Cologne pour Roger & Gallet, la fleur d’oranger ne fait pas partie du casting. J’adore aussi les fleurs blanches, le jasmin, les roses indiennes et les notes vertes. Je continue à bien travailler les fruits et j’apprends à mieux maîtriser les notes aromatiques. Je suis en apprentissage permanent. »

Quels sont vos critères pour choisir un ingrédient?

« Ils doivent avant tout sentir bon et avoir de la personnalité. Quand ils me font venir l’eau à la bouche, je sais que je suis dans le bon. Au début, on a toujours une idée en tête. On doit parfois en revenir. Quand vous avez fait le tour, que la boucle est bouclée, vous savez que votre parfum est terminé. »

Êtes-vous née avec un sens de l’odorat particulièrement développé?

« Je l’ai développé très tôt. Il y avait beaucoup de fleurs dans et aux alentours de la maison où j’ai vécu quand j’étais petite. Je  suivais notre jardinier à la trace. Il m’a fait connaître toutes les fleurs. Et ma grand-mère était un vrai cordon bleu. Elle m’a sensibilisée au goût et aux odeurs. »

 Comment êtes-vous devenue parfumeur?

Je ne viens pas de Grasse et je ne viens pas d’une famille de parfumeurs. Mon père avait une boutique de bonbons. J’ai fait un job d’étudiante dans une entreprise qui fabriquait des goûts et des parfums pour l’industrie alimentaire. J’ai découvert que j’avais un bon nez et j’ai commencé à m’en servir comme d’un instrument.

J’avais comme un gout de trop peu. J’ai suivi une formation de parfumeur à Versailles où j’ai rencontré des parfumeurs qui ont été d’excellents professeurs. J’ai appris à jouer avec les ingrédients et les matières premières. Après ça, j’ai commencé à travailler chez IFF, la maison de parfum où je suis toujours. »

Est-ce plus difficile pour une femme de faire sa place en tant que parfumeur? 

« Entrer dans une école n’était pas compliqué. Mais après, le défi a été considérable. Le parfum est un monde d’hommes, et même si aujourd’hui il compte plus de femmes, les choses restent difficiles pour elles. Et si vous ne descendez pas d’une famille de parfumeurs ou si vous ne venez pas de Grasse, c’est encore moins évident. Mais j’y suis arrivée! J’ai parfois l’impression que je dois me donner plus de mal pour être prise au sérieux. Heureusement, il y a souvent des sélections à l’aveugle où seul le jus compte. De cette manière, les préjugés disparaissent et on ne retient que la meilleure création, pas le nom du créateur ou son sexe.

Tubéreuse Hédonie de Roger & Galler, 30,95 € le flacon 30 ml. Une des cinq nouvelles fragrances de Roger & Gallet.

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