Sorties ciné: notre rencontre avec Nawell Madani
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Sorties ciné: notre rencontre avec Nawell Madani

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Nawell Madani a plus d'une corde à son arc. En parallèle de l'immense succès de son spectacle "C'est moi la plus belge" (deux Olympias prévus en décembre, excusez du peu), l'humoriste prend tout le monde de court avec son premier long-métrage, C'est tout pour moi. 

Ce film raconte l’histoire de Lila, jouée par Nawell Madani, jeune belge qui veut devenir comédienne à tout prix, n’en déplaise à son père. Elle part à la conquête de Paris, déterminée à se faire un nom dans le milieu du spectacle et gagner la fierté de son père. Et nous en avons discuté avec Nawell Madani.

Votre film « C’est tout pour moi » sort le 29 novembre en Belgique, sur une échelle de stress de 1 à 10, vous vous situez où? 10 étant hyper méga stressée.

Alors là! Je ne mange plus, je ne dors plus, est-ce qu’il y a un chiffre pour ça? [rires] Je dirais 20 sur 10 à peu près! Il n’y a rien qui rassure, c’est une industrie assez impitoyable donc tant que je ne vois pas les chiffres, je stresse.

Presse

 

Passer du théâtre au cinéma, c’est déjà un énorme challenge. Mais réaliser le film dans lequel vous jouez, comment avez-vous géré? Vous apprenez vite? Vous aviez déjà de l’expérience?

Je me suis beaucoup préparée et je me suis bien entourée. J’ai travaillé avec Ludovic Colbeau-Justin qui a une vingtaine d’années d’expérience donc je pouvais lui faire confiance. J’ai regardé beaucoup de films, fait des repérages, et beaucoup échangé avec lui.

Au niveau de la direction des acteurs, je les ai suivis de A à Z! On a travaillé ensemble scène par scène du premier rôle au plus petit rôle.

Vous voudriez réaliser d’autres films? 

Oui! On me propose d’autres choses, j’ai pas mal de projets donc je ne vais pas tarder à repartir en réalisation.

Votre meilleur souvenir de tournage?

Quand tu as ton acteur principal, qui est à la base chauffeur VTC et qui a une soixantaine d’années, et qu’il a une scène où il doit donner de l’émotion, qu’il doit  pleurer et vraiment aller chercher en lui, quand il sort une vraie larme, c’est magnifique.

Sinon, quand tu es face à 200 danseurs qui font une chorégraphie pour une scène et que tu entends les talons taper au sol, ça fait vraiment quelque chose.

Vous êtes une humoriste/réalisatrice/comédienne/danseuse/actrice… Ça vous plaît de toucher à tout? 

En fait, j’ai tellement galéré dans ma vie que j’ai dû toucher à tout par instinct de survie. En Belgique, on ne vit pas forcément de notre art donc un jour on va filmer, un jour on va se retrouver à la régie pour dépanner un pote… C’est le fait de vouloir remplir son frigo qui fait qu’on multiplie les casquettes.

Et une fois que l’on te donne la chance de pouvoir travailler et vivre de ta passion, tu as tellement tout fait dans la vie que tu peux être à tous les postes, tu es super polyvalent. C’est comme gravir les échelons dans un entreprise: d’abord j’étais danseuse de clips, puis j’ai fait des chorégraphies, puis des montages de clips, puis des courts-métrages… Je pouvais m’occuper des sandwiches mais aussi gérer la chorégraphie ou encore la sécurité!

Ca parle d’une belge qui va se frotter à la jungle parisienne, sans l’approbation de son papa, et déchante très vite avant de « tout niquer »… C’est en grande partie auto-biographique?

C’est en grande partie autobiographique oui! Je me suis inspirée de près ou de loin de ce qui m’est arrivé ou de ce qui est arrivé à des proches. Pour un premier exercice, j’ai été vers ce que je connais le mieux. Je ne voulais pas aller dans la fiction totale; on a tourné en cinq semaines donc je ne me suis pas aventurée dans des choses que je n’avais jamais explorées.

Vous avez déjà parlé de la place des femmes dans l’humour et du sexisme dans le stand-up, quel est votre point de vue sur l’affaire Weinstein et son effet domino? Comment faire pour que ce ne soit pas juste un buzz?

Chacun lutte à sa manière, mais moi j’essaie de lutter en parlant sur scène, en montrant l’envers du décor… Ce qui se passe pour le moment c’est bien, mais il ne faut pas que ce soit juste un effet de buzz, non. Il faut qu’aujourd’hui, il y ait de vrais changement en termes de lois; par exemple pour la prescription. Souvent, les délais de prescription sont tellement courts que le temps que les victimes osent en parler, c’est trop tard. Si ça reste juste médiatique, on risque de ne plus en parler dès qu’il y aura le prochain buzz; il faut que ça fasse écho tellement fort que ça fait changer les lois.

Les femmes qui n’osent pas porter plainte, je pense qu’elles se disent qu’on ne va pas les écouter et que ça ne va rien changer. Et quand on voit comment ça se passe dans la vraie vie, forcément elles ont peur de se griller au travail ou avec certaines personnes, et que ça ait des conséquences encore beaucoup plus lourdes que ce qu’elles sont en train de vivre. Donc elles préfèrent continuer, se relever, cicatriser et sa battre, comme font toutes les femmes. Moi j’essaie de lutter à mon échelle, en faisant ce que je fais.

Paris, vous y vivez… Bruxelles vous manque parfois? Vous revenez souvent? 

Ca fait une dizaine d’années que je vis à Paris. Et quand je reviens, c’est pour voir ma famille et me reposer!

Et quand vous rentrez à Bruxelles, vous allez manger où?

Je vais chez Tonton Chami!

Photos: Nabil Cheik Ali

« C’est tout pour moi » de Nawell Madani, en salles dès le 29 novembre 2017.

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

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