Après la chemise d’homme, qui nous est proposée à toutes les sauces depuis quelques années, c’est au tour du polo, cet autre grand basique du vestiaire masculin, de nous sortir le grand jeu. Il charrie avec lui des associations sportives diverses: le classicisme du tennis, la rudesse du rugby, la ferveur populaire du foot…
Il était aussi l’un des éléments clé de l’uniforme des mods, ces dandys prolétaires amateurs de scooters, d’amphétamine, de rock et d’élégance décalée. Aujourd’hui, même s’il est souvent associé au style « preppy », la décontraction boyish du polo en fait un basique de garde robe tout à fait transversal.
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Pour le printemps-été 2018, les designers ont décidé de se servir de ses codes et d’en prendre le contrôle. Ils transfigurent cet humble vêtement de peau pour en faire une vraie proposition mode aux accents couture.
Une proposition tellement forte qu’elle parvient à le rendre hyper-féminin dans sa version oversize (Marni, Céline), un format que l’on a plus l’habitude d’associer aux gangsta-rappers des années 90, sublimé ici par la présence d’une longue jupe fluide. Mais le polo n’est pas seulement recontextualisé. C’est une véritable mutation qu’on lui a fait subir, par exemple avec un drapé-ceinturé souligné de poches (Carven). Sa transition vers la féminité se poursuit avec un développement en cape repliée au niveau des manches (Y/project), une expansion toute en volume qui s’épanouit en traîne courte pour une robe mi-jour mi-soir (Koché),et l’effet boule resserré aux hanches d’une robe cocktail facile à vivre (Lacoste). Une façon de flouter les distinctions de genre à travers un seul vêtement, à l’origine banal, devenu symbole de style.
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