Avec le retour des tendances de l’an 2000 (aka la mode Y2K), le look de cette époque – « héroïne chic » – semble également faire son grand retour.
Ces derniers temps, le retour du look maladivement maigre est un sujet de conversation brûlant dans les médias lifestyle et a atteint son apogée lors de la dernière fashion week. Revenons au début : l’année dernière, Kim Kardashian a porté la célèbre robe de Marilyn Monroe au Met Gala. Elle a fièrement informé tout le monde qu’elle avait perdu sept kilos pour la porter. Elle s’est vantée de son régime express et a continué à perdre beaucoup de poids par la suite. Comme sa sœur Khloé, elle aurait également subi un lifting brésilien des fesses « inversé » pour retrouver un postérieur moins imposant que celui qu’on lui connait.
On peut dire beaucoup de choses sur les Kardashian, mais il est indéniable qu’elles ont une influence considérable sur l’idéal de beauté de notre époque. Ce sont elles qui ont fait des fesses bombées, des hanches larges et des lèvres voluptueuses une « tendance », poussant des millions de jeunes filles et de femmes à franchir la case de la chirurgie esthétique pour tenter de leur ressembler. Dans le même temps, elles ont également fait comprendre aux femmes ayant des formes qu’elles n’étaient pas obligées d’être grossièrement maigres, ce qui a convaincu les marques et les magazines d’élargir l’image de la beauté, au sens propre comme au sens figuré.
En bref, les Kardashian ont, à elles seules, rendu le monde de la mode plus inclusif et, au cours de la dernière décennie, les choses ont réellement semblé changer. « En 2021, les mannequins les plus demandés dans le monde de la mode sont de plus en plus diversifiés », écrivions-nous il y a deux ans. « Elles ne se conforment plus à l’image « parfaite », elles ont quelque chose à dire et elles osent en parler. Elles ont une silhouette réaliste, leur peau n’est pas blanche ou elles appartiennent à la communauté LGBTQI+ ». Alors que les critiques prédisaient encore qu’il s’agirait d’une énième tendance de mode passagère, les marques et les magazines leur ont donné un coup de fouet : le progrès progressif persistant semble désormais avoir vraiment fait son chemin.
Le retour de l’ultra-mince
Retour en arrière, à la fashion week qui vient de s’écouler. En regardant les défilés, on a tout de suite remarqué qu’il y avait beaucoup moins de mannequins grande taille sur les podiums. Les chiffres de Vogue Business l’ont confirmé par la suite.
Dans une analyse de 9 137 looks lors de 219 défilés à New York, Londres, Milan et Paris au cours des dernières semaines de la mode, seules 17 marques présentaient au moins une silhouette grande taille (taille 44). Cela signifie que 95,6 % des modèles étaient portés par des mannequins de taille 32 à 34. Et à peine 3,8 % étaient portés par des mannequins de taille moyenne (36 à 42).
95,6 % des modèles étaient portés par des mannequins de taille 32 à 34
« La représentation des personnes de grande taille a régressé » a déclaré à Vogue Business Felicity Hayward, un mannequin qui suit la représentation des plus size depuis 2019 dans le cadre de son projet #IncludingTheCurve.
Vogue Business a également noté que la plupart des défilés de haut niveau présentaient un plus grand nombre de mannequins de taille moyenne, avec très peu de représentation des grandes tailles. Pour certaines grandes marques, « les mannequins de taille moyenne présents à leurs défilés frôlaient les grandes tailles ». Mais presque exclusivement des créateurs émergents ont envoyé sur le podium des femmes vraiment plus pulpeuses. Karoline Vitto et Sinéad O’Dwyer ont présenté respectivement 100 % et 90,5 % des looks sur des mannequins de taille moyenne et de grande taille. Sinéad O’Dwyer, Ester Manas, Karoline Vitto, Di Petsa et Bach Mai ont présenté le pourcentage le plus élevé de mannequins de taille moyenne et de taille forte. (La plupart de ces marques ont défilé à la Fashion Week de Londres, la plus inclusive des quatre villes).
1/3Ester Manas Fall/Winter23
2/3Di Petsa Fall/Winter23
3/3Sinéad O’Dwyer Fall/Winter23
Le rapport de Vogue Business note que même les marques qui ont élargi leur offre pour inclure des vêtements de grandes tailles, comme Gucci, n’avaient pas de mannequins de grandes tailles sur le podium. Gucci, par exemple, a fait défiler 10 mannequins de taille moyenne, mais aucun mannequin ne faisait une taille supérieure à 40.
Les créateurs ont expliqué à Vogue Business qu’ils devaient planifier à l’avance l’utilisation de mannequins grande taille, car le casting sur les podiums est généralement effectué quelques jours avant le défilé et ne laisse pas beaucoup de temps pour adapter les vêtements aux différentes morphologies. Hillary Taymour, fondatrice de Collina Strada, qui a présenté un modèle grande taille et dix modèles de taille moyenne lors de son défilé de février, explique que cela varie en fonction de la saison. « Nous créons parfois des modèles à l’avance et les adaptons à chaque personne, mais il faut généralement un peu d’effort et de réflexion avant d’ajuster les tailles sur le podium », a-t-elle déclaré.
Le rapport conclut que l’industrie a encore un long chemin à parcourir et que si l’industrie de la mode continue ainsi, elle reviendra bientôt à la case départ. Bien entendu, il s’agit d’un problème plus vaste qui dépasse le cadre des Kardashian, bien qu’elles y soient pour beaucoup. Tout d’abord, cela soulève des questions sur la sincérité du monde de la mode en matière de diversité. Après tout, tous les efforts déployés ces dernières années n’étaient-ils qu’une tendance de longue haleine ? À suivre.
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