« La Bête » de Bertrand Bonello : le film dystopique qui explore la complexité de l’amour
© Carole Bethuel

« La Bête » de Bertrand Bonello : le film dystopique qui explore la complexité de l’amour

Par Emily Barnett
Temps de lecture: 2 min

Dans son nouveau long-métrage "La Bête", Bertrand Bonello nous fait voyager entre les époques et s'interroge sur l'amour et la possible fin de l'humanité. Un récit hypnotique.

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1910. Une femme (Léa Seydoux) déambule dans une soirée mondaine. Elle y croise un homme rencontré il y a quelques années auquel elle avait fait une curieuse confidence : sa vie est rongée par une inquiétude, une angoisse, la prescience d’une catastrophe.

Ému, l’homme lui propose de surveiller cette « bête » à ses côtés, par empathie et un amour qu’on pressent naître. Cut.

Bertrand Bonello, sorcier du septième art

L’héroïne réapparaît un siècle et demi plus tard, dans un futur proche, soumise à une technologie qui efface ses affects à coups de bistouri mental.

C’est dans un troisième chapitre, contemporain cette fois, que surgit la catastrophe annoncée – un fait divers dans une villa de L.A. –, où Léa Seydoux renaît en actrice perdue à Hollywood.

Bertrand Bonello est un fou de cinéma, un ogre qui fait feu de toutes les fictions qui l’ont irradié comme cinéaste et spectateur.

Ce sorcier du septième art, laborantin d’images en celluloïd, médium fuyant les poses de vieux sage, ne pouvait à terme qu’accoucher d’un film aussi tentaculaire que cette Bête – après les déjà très amples L’Apollonide et Saint Laurent.

Plaisir « méta », donc, qui semble s’abreuver de Mulholland Drive de David Lynch, India Song de Marguerite Duras, et des cyber-expérimentations de David Cronenberg.

Peur d’aimer

Mais sous l’ovni postmoderne pulse l’extase romantique : le drame d’un amour sans cesse différé, comme une jouissance qui ne vient jamais, tel que l’était déjà le couple impuissant de La Bête dans la jungle, la nouvelle d’Henry James où le film puise sa source. Et ce voyage à travers les âges ne fait qu’envenimer la chose.

L’héroïne est une musicienne de renom, et elle a peur d’aimer. Malédiction propre aux artistes – esclaves de leur « bête » intérieure ?

Les paris sont ouverts et les scénarios infinis, faits de spéculations et d’amnésies. On rêve ensemble.

Mais les yeux de Léa Seydoux (sublime d’irréalité) se brisent sur d’insoupçonnés cauchemars. On perd pied avec elle dans un espace-temps déboussolé, englouti par une esthétique de l’apocalypse (si chère au réalisateur) : incendies, inondations, désincarnation, transhumanisme, devenir-poupée qui nous pend au nez…

« Notre maison brûle », cite-t-on parfois à propos de notre planète. Allons la voir s’effondrer, et peut-être la sauver, plutôt que de regarder ailleurs.

De Bertrand Bonello, avec Léa Seydoux, George MacKay, Guslagie Malanda… En salle le 6 mars 2024.

 

Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.

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Malvine Sevrin Voir ses articles >

Des podiums parisiens aux dernières nouveautés skincare qui enflamment TikTok, je décrypte les tendances pour Marie Claire Belgique. Passionnée de voyage, de mode et de beauté, je partage mes coups de coeur dénichés aux quatre coins du globe. En tant que rédactrice en chef digital, j'ai également à coeur de mettre en lumière les histoires inspirantes de femmes à travers notre site et sur nos réseaux sociaux.

Tags: Cinéma, Film.