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Diane von Furstenberg répond avec la simplicité et la spontanéité qui la caractérisent lorsque nous lui demandons comment elle épelle son nom. « Petit v et grand F, j’y tiens, mais peu importe que vous l’écriviez avec ou sans tréma. Et appelez-moi Diane. » Le ton est donné.
Que signifie pour vous une expo en Belgique ?
Diane von Fürstenberg : «Ça n’a pas tellement d’importance qu’elle ait lieu en Belgique, mais à Bruxelles, c’est différent. Même si je vis à l’étranger depuis de longues années, c’est ici que je suis née, ici que je suis allée à l’école, à cinq minutes du musée. À l’âge de treize ans, je suis partie en Suisse, puis aux États- Unis, mais ce quartier, je le connais par cœur. On m’a consacré une expo grandiloquente à Pékin, mais ici c’est beaucoup plus intime. C’est un rendez-vous avec mon enfance. Nicolas Lor, ce jeune conservateur il a vingt-neuf ans, j’en ai septante-cinq m’a fait l’immense honneur de me demander s’il pouvait mettre sur pied cette expo. Ce n’est donc pas mon idée ; Nicolas, qui est un spécialiste de la mode, est venu me rencontrer à New York pour m’exposer ses idées. Il considère DVF comme une maison très moderne, taillée sur mesure pour les femmes d’aujourd’hui. Quand un si jeune talent vous choisit pour une expo, vous savez que vos créations sont entre de bonnes mains. »
La robe portefeuille fête son 50e anniversaire. Dans quelles circonstances l’avez-vous imaginée?
«Le vêtement en soi existait déjà, pensez au kimono ou à la toge. C’est une robe qui n’a ni bouton ni fermeture éclair. Je l’ai d’abord conçue en jersey infroissable, puis en version jersey imprimé. Ce genre de robe épouse la silhouette d’une femme, lui confère la grâce d’un serpent et l’agilité d’un chat. J’en ai vendu des dizaines de millions d’exemplaires dans le monde entier. Ce qui est très particulier, c’est que les jeunes femmes la redécouvrent tous les vingt ans.»
Les princesses portaient vos créations lors du concert de Noël au Palais royal.
«Cette robe bleu roi fendue à col rond flattait la princesse héritière Élisabeth, mais sa sœur de quatorze ans, la princesse Éléonore, rayonnait également dans sa robe à fleurs. Ce sont de très belles jeunes femmes. Je suis également très fière de faire partie du groupe restreint des stylistes de la reine. Sa Majesté opte régulièrement pour mes créations. Mais ça me fait également très plaisir de voir d’autres femmes, moins connues, endosser mes vêtements.»
Quels sont les atouts de la marque, comment résumeriez-vous sa philosophie ?
« C’est très simple. Je veux offrir aux femmes des vêtements élégants, confortables, intemporels, qui s’ajustent facilement et tombent naturellement. Elles doivent se sentir à l’aise tout au long de la journée, aussi bien au travail que pendant leur temps libre. Mes vêtements doivent être comme des compagnons. Au début de ma carrière, j’ai travaillé pour l’industriel du textile Angelo Ferretti, auprès de qui je me suis familiarisée avec les imprimés. Puis j’ai commencé à expérimenter avec les couleurs. Pour moi, les couleurs figurent les lettres, les imprimés les mots, tandis que le tissu et la silhouette viennent donner à la phrase son style définitif. »
Êtes-vous toujours active dans l’entreprise ?
«Bien sûr, j’ai encore mon mot à dire. Je fais de la supervision, veillant surtout à préserver l’identité et l’ADN de la marque afin de pouvoir le transmettre en toute confiance à la jeune génération. Ma petite-fille Talita prend la relève en tant que directrice générale. Du haut de ses vingt-trois ans, elle détient plusieurs diplômes et a toujours travaillé à mes côtés. Personnellement, je veux me concentrer davantage sur mon travail philanthropique.»
Vous faites allusion à la fondation Diller-von Fürstenberg?
« Via ce fonds familial, nous soutenons diverses organisations à but non lucratif. Mais à côté de ça, il y a treize ans, j’ai créé les DVF Awards, en l’honneur des femmes qui se battent au quotidien, de manière désintéressée, pour d’autres femmes. Il existe cinq DVF Awards, dont trois sont destinés à des femmes inconnues que je soutiens financièrement et dont je mets le travail en lumière. Par ailleurs, l’Inspiration Award est réservé aux mannequins, actrices ou chanteuses comme Iman ou Karlie Kloss. Enfin, le Lifetime Award est décerné à des femmes comme Oprah Winfrey, Christine Lagarde, Hillary Clinton…»
Que pouvons-nous attendre de l’expo?
DVF : «C’est une question qu’il faut plutôt poser à Nicolas. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne s’agira pas d’une rétrospective.»
Nicolas Lor : «Bien entendu, nous célébrerons en grande pompe le cinquantième anniversaire de la robe porte- feuille. Pour comprendre la philosophie de vie et la marque de Diane, nous passons en revue sa biographie et son parcours en retraçant les moments forts de sa carrière. Nous n’exposons pas tout, nous ne suivons pas un ordre chronologique, et ce n’est pas une rétrospective. Nous présentons Diane en tant que coloriste via des insights qui permettent de découvrir ses sources d’inspiration (la nature, l’art, la liberté). Son travail est aussi mis en perspective avec celui d’autres créatrices comme Madeleine Vionnet, Coco Chanel et Sonia Rykiel. La particularité de Diane, c’est qu’elle ne crée pas un vêtement pour lui-même, mais pour la femme qu’elle a en tête. L’expo Woman before Fashion se présente comme un miroir. On commence par les vêtements pour finir par ce que Diane représente : la femme. »
Woman before Fashion, Diane von Furstenberg, du 21 avril au 7 janvier au Musée Mode et Dentelle, 12 rue de la Violette, Bruxelles. Informations : www.fashionandlacemuseum.brussels
Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec le Musée Mode et Dentelle.
fashionandlacemuseum.brussels
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