Un jour, j’ai croisé Alain Delon, rue de la Régence, à Bruxelles. Il portait un imper beige. Je crois qu’il était seul ou en tout cas, je n’ai vu que lui. Il ne faisait rien de spécial ou en tout cas, je l’ai pensé. Il n’y avait pas de caméra. Et je n’ai pas pris de photo. La photo, je l’ai dans ma tête. Avec des milliers de photos, d’images, de scènes de films. Et la pub d’ « Eau Sauvage », de Dior. Et une chanson en duo avec Dalida.
Et comment on peut faire le tri dans tout ça pour ne retenir que deux, trois, dix, cent ? Dans la vie et l’œuvre d’Alain Delon, on a envie de ne rien trier, de ne rien classer, de ne rien répertorier. De faire comme lui a fait. Tout enchaîner, tout mélanger, tout engloutir, tout savourer et parfois, tout recracher. De faire comme ce prince et ce voyou, ce seigneur et ce pauvre diable. Ce chemin qu’il a entamé par hasard pour le continuer par détermination, Alain Delon n’en a fait qu’un exemplaire. Le sien. Ce modèle unique de star masculine ne pourra être copié par personne d’autre. Même en essayant beaucoup…
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Alain Delon avec Romy Schneider au bord d’une piscine. Et leur amour à mort, à vie. Alain Delon dans les films de Visconti. Rocco, Tancrède, des personnages auxquels il apporta sa candeur et sa félinité. Alain Delon et ses fils, les légitimes et l’illégitime. Alain Delon et le monde qui tournait autour comme les paparazzi et les papillons attirés par sa lumière. Alain Delon et son armée d’ombres qui creusait son visage et le rendait encore plus beau. Comment lui dire adieu et ne pars pas. Avec la certitude que les monuments ne meurent pas. Et que même s’il ne se prenait pas vraiment pour l’un d’eux, tas de pierres bien bâties, il
en était un. Oui et un homme aussi.
