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Avouons le d’emblée : nous ne sommes absolument pas critique de cinéma. La preuve : nous avions réussi – sans que cela soit une victoire – à passer entre les mailles des filets de “Mommy” et de “Laurence Anyways”.
Mais, tout comme cela nous était arrivé il y a plusieurs années lorsque nous avions, pour la première fois, tourné la page d’un roman de Sagan, hier soir, la magie a opéré.
“Juste la Fin du Monde” est un film brillant, émouvant et nous avons eu envie de vous en parler.
Voici donc quelques raisons, parmi une multitude, d’aller le voir.
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La simplicité du pitch.
“Le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine”.
Voilà. Deux lignes, sans que nous ne spoilions rien : tout est annoncé par le personnage principal, en voix off, dans les premières minutes.
L’esprit tranquillisé par le fait que nous comprenons l’enjeu dès le départ, il est facile alors de faire le vide et, sans que l’on s’en rende forcément compte, de se préparer à recevoir les émotions brutales et fugaces qui nous sont jetées aux tripes par les 5 acteurs, dans un huis clos étouffant, sous fond de canicule.
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Léa Seydoux.
Et c’était pas gagné. Depuis “Quantum Of Solace” (le dernier James Bond qui nous avait donné envie d’avaler des fourchettes), notre opinion était faite. On n’était pas fan, on l’avait vu nue suffisamment de fois pour avoir la vague impression d’avoir déjà couché avec elle et sa dernière sortie sur le fait qu’elle avait été élevée à l’école de la vie – alors qu’elle est la petite-fille de Jérôme Seydoux, président des cinémas Pathé, et la petite-nièce de Nicolas Seydoux, président de Gaumont – nous avait quelque peu fait grincer des dents. Et bien, honte sur nous. Elle est magnifique de justesse, forte et faible à la fois, hurlant sa haine à sa mère, Nathalie Baye, comme toujours impeccable, ou murmurant son amour à son frère, Gaspard Ulliel, confondant de vérité jusque dans le moindre de ses regards.
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Les hommes.
Les vies, parallèles et fondamentales, de Louis, joué par Gaspard Ulliel et de l’aîné de la famille, Vincent Cassel.
De leur histoire commune, on ne connait rien et on n’apprendra que peu de choses tout au long du récit. Mais le tango qu’ils dansent à deux, à la manière d’une corrida et avant la mise à mort finale, est passionnel, destructeur et bouleversant.
Xavier Dolan, lui, n’apparaît nulle part mais est partout tant le regard posé par le réalisateur est perceptible de tendresse, au delà de la barrière de l’écran. Hier, c’était la première fois qu’on pleurait sur la beauté d’un plan.
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Les autres femmes.
Nathalie Baye, La Mère, portant le poids de son monde écroulé dans ses mains aux ongles bleu électrique ; dépassé sans l’être ; perdue mais consciente ; écervelée mais brillante de lucidité.
Marion Cotillard excelle encore une fois, dans un rôle de femme qui a choisi, par faiblesse, d’être faible toute sa vie, perpétuellement terrifiée et au bord du précipice. Elle n’est pas le personnage principal, loin s’en faut, mais elle mériterait une suite rien que pour elle, tant on voudrait la connaitre encore un peu et savoir ce qu’elle va faire, une fois rentrée, une fois l’orage passé.
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La musique.
Mélange d’un score absolument sublime composé par Gabriel Yared et d’un soundtrack où se côtoient Moby, O-Zone ou encore Blink-182, la musique de “Juste la Fin du Monde” doit être considérée comme un personnage à part entière.
Comme les acteurs de ce film, elle est belle, précise et émouvante.
Et elle nous donne envie, une fois la dernière note évanouie, d’écrire à la face du monde que Xavier Dolan est un génie.