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En couple avec Alex Kapranos, le front man de Franz Ferdinand, Clara Luciani a passé une grande partie de son congé maternité en Écosse. Son petit garçon, né en septembre 2023, ne sera jamais exhibé dans les médias. Ce n’est pas le genre de la maison Luciani-Kapranos. Mais sans lui, les liens du sang n’apparaîtraient pas autant sur ce troisième album qui figure parmi les plus attendus en France et en Belgique. Car, Clara est une artiste majeure et sa filiation artistique avec Françoise Hardy n’est pas juste un argument de marketing. Loin s’en faut.
Mon Sang, votre troisième album, est particulièrement exalté. Est-ce la nouvelle vie, avec l’arrivée de votre premier enfant, qui a suscité cette exaltation ?
La réponse est oui. Avec la naissance de mon bébé, j’ai vraiment l’impression de vivre ma propre renaissance. Il y a un nouveau-né mais aussi une nouvelle Clara. Autant je n’ai jamais aussi peu dormi de ma vie, autant je n’ai jamais été aussi énergique. Quand il est né, au bout de quatre mois, je réalisais l’un des rêves de ma vie : tourner dans une comédie musicale. Elle sortira en décembre. Ce film est signé Diastème et s’intitule Joli Joli.
Sur cet album, vous vous êtes inspirée de faits réels et très personnels.
Ce que je préfère, c’est l’intime. Et quand je sens l’intime derrière un personnage. Ce que je fais de mieux, c’est de me raconter. Au travers de ces treize chansons, j’ai tenté de me résumer pour mon enfant. J’ai tenté de lui raconter ma famille, ma carrière… C’est un album de transmission.
Sur ce disque, vous remontez toute la chaîne féminine de votre famille en conviant même les aïeules de votre grand-mère.
J’ai même fait une chanson pour ma mère. J’ai l’impression que la maternité m’a donné les clés pour la comprendre et comprendre son amour. Ce n’est pas une femme qui s’exprime beaucoup sur ce sujet. Et je pense être longtemps passée à côté de sa dévotion pour moi. C’est en devenant maman moi-même que je m’en suis rendu compte.
Sur le précédent album, vous invitiez vos meilleures amies en studio, ici, c’est votre famille. Et pourtant, vous êtes une artiste solo.
Peut-être cela vient-il aussi d’une forme d’insécurité ? Peut-être que je ne me sens pas complète sans eux ? En tout cas, j’ai besoin de me sentir en tribu. Il est vrai aussi que dans mes expériences musicales précédentes, avec La Femme et Nouvelle Vague, je
fonctionnais en collectif. En conviant mes proches sur cet album, je me rassure et leur fait partager cette vie un peu folle que, certains jours, j’ai l’impression de ne pas mériter.
Souffrez-vous du syndrome de l’imposteur ?
Oui, je crois que tous les artistes l’éprouvent. Et pour ce qui est du sentiment de culpabilité, j’ai l’impression que c’est un truc plus féminin que masculin. Comme le fait de se remettre à travailler après la naissance d’un enfant. Et puis, on est beaucoup plus jugées aussi. J’ai lu des commentaires sur Instagram plutôt violents et culpabilisateurs à mon égard. Je ne vois pas trop ça chez mes amis chanteurs lorsqu’ils ont un enfant.
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Courage est une chanson qui salue le courage féminin. Vous êtes-vous découvert plus de courage pour certaines choses ?
Déjà le fait de porter un enfant. Une chose qui paraît normale aux yeux de tous. Donner la vie, c’est incroyable ce qu’on arrive à faire ! Mais j’ai l’impression que les choses sont en train de changer en mieux, dans la société. Je me sens inspirée par les femmes autour de moi.
Vos chansons sont très belles et possèdent une simplicité élégante. On a l’impression que ça tombe comme du Saint-Laurent.
Quel compliment ! Je n’ai jamais été fan des textes trop ampoulés que l’on comprend à peine. J’aime les écritures simples et nettes. Françoise Hardy avait ça et selon moi, on ne parle pas assez de ses textes. Lorsqu’elle est morte, j’étais très triste. On n’entendra plus jamais sa voix alors que c’est une des voix les plus importantes de ma vie.
Sur cet album, il y a beaucoup de guitares et de cordes. Et le mixage a été assuré par le légendaire Mark « Spike » Stent, très connu dans le milieu rock et pop britannique.
Je voulais aller dans une esthétique plus anglaise et plus rock. Il a vraiment apporté ça. Il a même mixé la dernière chanson des Beatles qui est sortie l’an passé.
Il y a un duo avec Rufus Wainwright. Pourquoi lui ?
J’adore sa voix. Je me suis toujours sentie fan. Je rêvais d’une envolée lyrique. Je lui écrivais des messages sur Instagram auxquels il ne répondait jamais. Et puis, c’est par l’intermédiaire de Woodkid que nous avons été mis en contact. Cette chanson, Forget Me Not, termine l’album. Peu de gens savent que le Forget Me Not est une fleur. En français, c’est le myosotis. Et elle évoque le souvenir d’êtres chers.
Clara Luciani, Mon Sang, Universal Music, sortie le 15 novembre. En concert le 30 janvier et le 12 décembre 2025 à Forest National.
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