Le 26 avril 2001, 11 célibataires inconnus du public pénétraient dans un loft où ils allaient rester coupés du monde, mais sous le feu permanent de 26 caméras. Leur objectif ? Rencontrer l’amour et voir un couple couronné au terme de 10 semaines de diffusion. À l’époque, personne ne pouvait deviner le raz-de-marée médiatique que l’émission provoquerait, ni l’ascension fulgurante puis la descente aux enfers que connaîtraient ses participants, propulsés au rang de célébrités controversées. Si depuis, Star Academy, Koh Lanta et autres Mariés au Premier Regard se sont imposés, devenant même pour certains des rendez-vous récurrents, Loft Story en reste le précurseur. Et le programme qui ouvrit la porte à tous les autres.
Aujourd’hui, 23 ans plus tard, la série Culte, proposée par Amazon Prime, a pris le parti de dévoiler les dessous de ce premier succès, et au passage l’envers du décor de la conception de l’émission, de la sélection des candidats et du tournage. Dressant du même coup un portrait peu flatteur et clairement incisif de la production cachée derrière le concept.
Réalité et faux semblants
Plutôt surprenant lorsque l’on découvre qu’Alexia Laroche-Joubert, productrice de Loft Story est aussi celle de Culte et a affirmé avoir participé à l’ensemble de l’écriture du scénario. Sous le pseudonyme d’Isabelle de Rochechouart et interprétée par l’excellente Anaïde Rozam, elle est dépeinte en arriviste, prête à tout pour se frayer une place au sommet, quitte à écraser ses équipes et à modeler la vérité pour servir sa quête d’audimat. Si certains médias accusent la série en six épisodes de glorifier le lancement de la téléréalité, en se faisant porte-parole de ses ex-concepteurs, on peine à y découvrir où se situe leur prétendu mérite. D’une armée de requins aux dents longues, mettant tout en œuvre pour atteindre les 25% d’audience à des candidats désœuvrés et manipulés, en passant par des montages et trucages à tout va, on se demande à quoi la série aurait ressemblé sans cette « romantisation ».
Revivre cette période douloureuse
Chaque épisode de Culte débute par cet avertissement « Cette série est une fiction librement inspirée de la réalité. Les personnes, situations, évènements, lieux ou dialogues ont pu être inventés, modifiés ou recréés pour exprimer la vision artistique des auteurs ». Une fiction pour évoquer une télé prétendument « réelle »… elle-même finalement scénarisée ? La colère et l’émotion suscitée par sa diffusion auprès des anciens candidats sème pourtant d’autant plus le doute. En voyant son propre reflet incarné par la touchante Marie Colomb, Loana Petrucciani a confié à Voici avoir pleuré et s’être énormément reconnue. « Tu as la même tête, tu fais les mêmes conneries que tu voudrais effacer. Je vois maintenant l’arrière, les gens avec les caméras. J’étais à l’époque tellement pas soucieuse de tout ça, mais il y avait une machine. Je la déteste (Marie Colomb, ndlr.) mais je trouve qu’elle me représente bien, c’est difficile ».
Jean-Edouard Lipa de son côté enchaîne les invectives contre Alexia Laroche-Joubert sur TikTok « Elle est un peu la personne qui achète un labrador quand c’est à la mode et qui, le jour où celui-ci prend trop de place, l’abandonne sur une aire d’autoroute, mais certifie auprès de tout le monde qu’elle est donatrice auprès de la SPA ou certifie qu’elle sauve des vies ». Il reproche aussi à la production de ne pas l’avoir consulté.
La série atteint en tout cas pleinement son objectif. Celui de prouver que de deux décennies plus tard, l’épopée Loft Story suscite toujours autant les passions et les divergences.
Culte, disponible sur Amazon Prime.
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