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Le plus jouissif
Alice au paradis de Caroline Wlomainck
« Je fais rire. Je fais sourire. Je fais rêver les casés et les casaniers. »
C’est un roman qu’on lit d’une traite, emporté par une plume quasi orale, qui donne à voir, ressentir et entendre. Le ton, à l’image des personnages, criants de vérité, est cash. Truffé d’humour, incisif, sans filtre, il sonne vrai. On s’immerge dans cette fresque humaine comme on entre dans la vie des gens, un peu par hasard, avec retenue ou au contraire, sans beaucoup de tact, persuadé d’avoir fait connaissance et de savoir qui est réellement l’autre. Mais il arrive, comme dans ce récit nerveux, racé, acerbe et réellement jubilatoire, que l’on se trompe évidemment sur les apparences, régi par une première impression qui s’arrête souvent aux contours de ceux que l’on scrute, juge ou critique sans les connaître. C’est le cas d’Alice ou encore de Jean-Michel, dont les vies sont loin d’être ce qu’elles montrent. Alors qu’un sourire, une larme, une addiction, une humeur ou un regard peuvent pourtant en cacher tellement d’autres… La Belge Caroline Wlomainck a l’art de la chute : les dernières lignes de son premier roman sont comme la personnalité d’Alice, qu’on aurait eu intérêt à prendre le temps de mieux connaître : géniales !
Lamiroy
Lamiroy, 20€
Le plus inspirant
Glamour sur la 5e avenue de Renée Rosen
« Je lui enviais ses petites mains si parfaites que cela en était agaçant, sa peau sans défaut, son humeur toujours enjouée. »
Une magnifique épopée romanesque et féministe, à la rencontre de celle qui est devenue la pionnière de la cosmétique moderne : Estée Lauder, visionnaire, bâtisseuse et entrepreneure dans l’âme. Passionnée par l’univers de la beauté depuis le lycée, avide de succès et déterminée à révolutionner le monde de la beauté féminine, c’est à travers les yeux du personnage de Gloria, arrivée à New York pour réinventer sa vie, que l’on se glisse dans cette fiction qui montre non seulement à quel point une rencontre peut changer le cours de l’existence, mais qui se penche aussi sur les difficultés genrées des sphères du pouvoir et la détermination de celles qui osent en découdre. Un portrait qui sonne juste et fort et qui donne envie de se surpasser, brillamment réinventé, même si certains faits sont réels. Un récit d’autant plus pertinent que son autrice, Renée Rosen, s’est énormément documentée et raconte une Estée Lauder, certes romancée, mais dont la force de caractère dope toute la lecture. On y puise du courage, de la force, de l’empathie : on en sort grandi.
Belfond
Belfond, 22€
Le plus tendre
Ce sera le bonheur de Nathalie Rykiel
« Jamais je n’oublierai ces deux heures de route à regarder les étoiles, allongée sur les genoux de Pierre qui me caressait les cheveux. »
C’est un superbe hommage au féminin et à l’amour. À la force du lien, aussi. Une forme d’introspection sur fond de douceur, tout en finesse et en poésie, une façon de regarder dans le rétroviseur avec indulgence et tendresse. Parsemé de photos intimes, le récit de Nathalie Rykiel permet de faire défiler le temps qui passe, le sien comme le nôtre, avec une bienveillance inouïe. Une manière de faire le point sur ce qu’on est, a été et sera. On fond pour certaines anecdotes, comme celle du sac Kelly vintage, que sa mère Sonia ne quittait pas, sorte de talisman dont elle a finalement appris, en voulant le faire restaurer bien après sa mort, qu’il s’agissait d’un magnifique faux. On pose avec elle des sourires et regards amusés sur des souvenirs que l’on s’approprie comme on les partagerait avec une amie, une vraie, et on tourne les pages de ce livre qui célèbre la vie avec un sentiment de légèreté et d’insouciance de plus en plus grand, au fil de la lecture. Un roman d’une grande sensibilité qui apaise et rend serein, un formidable allié contre la mélancolie. Un récit qui sonne terriblement juste.
JC Lattès
JC Lattès, 20€
Le plus puissant
Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas de Viktor Lazlo
« Où était-il ce Jésus dont on nous forçait à écouter les miracles une fois par semaine ? »
Impossible de ne pas s’attacher follement à Olvidia, petite Martiniquaise de sept ans et héroïne de cet ouvrage lumineux, à l’image de l’enfant qui nous prend la main tout au long de ce récit porté par l’espoir, alors que tout semble assombrir son destin de petite fille noire et esclave au 18e siècle. Une formidable ode à la liberté, en laquelle elle croit plus que tout, et un parcours exceptionnel, régi par une résilience hors-du-commun et une foi infinie dans la vie. Une forme de résistance qui permet de se projeter et de conjuguer au futur. Arrivée en France avec sa Maîtresse, elle connaîtra la Révolution française, s’instruira et s’affranchira, et surtout, opérera un magnifique travail de mémoire au nom de tous les siens. Une leçon de vie bouleversante qui happe et captive dès les premières lignes et dont la force prend aux tripes. Comme dans chacun de ses romans, Viktor Lazlo donne naissance à des femmes combatives et inspirantes, dont les quêtes laissent pantois. C’est le cas d’Olvidia, qui signifie « l’oubli », et qu’on ne peut pas effacer de sa mémoire, une fois le livre refermé.
Robert Laffont
Robert Laffont, 18,90€
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