Si depuis des années des chercheurs tentent d’expliquer les fluctuations de la libido féminine, notamment par des raisons physiologiques – parfois fumeuses -, de nouvelles recherches entreprises par l’université de Toronto, laissent entendre que le ressenti de la première fois jouerait un rôle non négligeable à ce sujet.
Selon cette étude publiée dans le Journal of Sex Research en janvier 2022, la première expérience sexuelle d’une femme hétéro influencerait grandement son désir par la suite.
C’est en analysant les réponses des 838 participants – tous et toutes hétérosexuel.les – que les chercheurs ont découvert que le désir sexuel des femmes n’était inférieur à celui de leurs homologues masculins que si leur première expérience sexuelle n’était pas « agréable » – c’est-à-dire qu’elle ne se terminait pas avec un orgasme.
Les femmes, moins satisfaites par leur premier rapport sexuel que les hommes
Ainsi, si une femme n’a pas ressenti de plaisir lors de son premier rapport sexuel, il est « probable », qu’elle apprécie moins le sexe dans le futur, selon les auteurs de l’étude.
« Par rapport aux hommes, les femmes étaient deux fois moins susceptibles de déclarer être satisfaites lors du premier rapport sexuel, et environ huit fois moins susceptibles d’avoir un orgasme », rapporte l’étude, relayée par seulement une poignée de médias anglophones comme Swaddle.
Ce début de vie sexuelle « plus frustrant que gratifiant » « peut décourager les femmes », explique Diana Peragine du département de psychologie de l’Université de Toronto et co-autrice de l’étude dans un communiqué publié après la sortie de l’étude.
Il apparaitrait donc que les expériences sexuées et non le genre soient décisives dans la formation du désir sexuel des femmes.
« Auparavant, il y avait cette idée que le désir sexuel était comme la faim ou la soif qui provient de l’intérieur et émerge spontanément. Mais, désormais nous comprenons que les expériences sexuelles enrichissantes façonnent nos attentes sexuelles », continue la psychologue.
Les chercheurs canadiens n’ont trouvé aucun lien entre la première expérience sexuelle des hommes et leur degré de désir futur.
Une éducation sexuelle biaisée par les études
Notre première fois pourrait donc avoir un impact indélébile sur nos perspectives sexuelles : « Nous nous souvenons de notre première expérience sexuelle parce que c’était la première et que les premières sont souvent gravées dans la mémoire et pèsent lourdement dans la formation de notre impression générale », a déclaré Noam Shpancer, psychologue américain, interrogé au sujet de l’étude par Swaddle.
De ce fait, Diana Peragine précise dans le communiqué de l’université de Toronto que, même si des recherches antérieures ont montré que les hommes étaient plus susceptibles de souffrir de problèmes de désir sexuel élevé, et les femmes d’avoir un faible désir sexuel, ces études perpétuaient surtout le mythe selon lequel les femmes auraient une libido naturellement plus faible que les hommes. Pour elle, la recherche détient, à tort, une implication importante dans l’éducation sexuelle des plus jeunes.
La psychologue déclare espérer que son étude, qui démontre que le désir sexuel plus faible chez les femmes peut être dû à une différence d’expérience plutôt qu’à une différence de genre, inspirera d’autres recherches sur « l’écart entre les sexes » face au désir sexuel.
Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.
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